L’ex-président français Nicolas Sarkozy, qui doit comparaître à partir de jeudi dans l’affaire Bygmalion après avoir été condamné en mars pour corruption et trafic d’influence, est un boulimique de la politique resté contre vents et marées une référence pour la droite.
« Je me battrai jusqu’au bout pour que la vérité triomphe », affirmait l’ancien chef de l’Etat (2007-2011) peu après sa condamnation le 1er mars, en assurant: « je suis habitué à subir ce harcèlement depuis dix ans ». Premier ex-président condamné à de la prison ferme, Nicolas Sarkozy s’est vu infliger trois ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis, dans le dossier dit des « écoutes ».
Celui que les Français surnomment « Sarko », et dont la présidence fut marquée par une ligne dure sur la sécurité et l’immigration, avait pourtant juré qu’on « n’entendrait plus parler de lui », après une humiliante défaite en 2012 face au socialiste François Hollande.
Ses démêlés judiciaires, sa vie médiatique avec l’ex-mannequin franco-italienne et chanteuse Carla Bruni, épousée en 2008, ont fait mentir cette prédiction, tout comme sa popularité toujours forte à droite de l’échiquier politique.
Malgré sa défaite sans appel au premier tour de la primaire de la droite de 2016, son évocation dans les meetings des Républicains continue de déclencher des tonnerres d’applaudissements. Ses livres se vendent comme des petits pains.
Ce « petit Français de sang-mêlé » (père hongrois, grand-père maternel juif grec) – selon son expression de la campagne victorieuse de 2007 – n’a que 28 ans lorsqu’il s’empare en 1983 de la mairie de Neuilly-sur-Seine.
Doté d’un enthousiasme communicatif, d’une fougue verbale liée à une gestuelle saccadée, M. Sarkozy a eu, tout au long de sa carrière politique (maire, député, ministre, président de parti, chef de l’État), le don de se faire autant aimer des uns que détester des autres.
Un temps exclu du jeu à droite, il redevient incontournable pour la réélection de Jacques Chirac à la présidentielle de 2002, avant de défier ce dernier des rangs du gouvernement, comme très populaire ministre de l’Intérieur, et de s’ouvrir les portes de l’Élysée en 2007.
« Président bling-bling » pour certains, gestionnaire habile de la crise financière de 2008 pour d’autres, il sera le premier président depuis Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981) à être battu en sollicitant un second mandat en 2012.
Mais les luttes fratricides à droite lui ouvrent la voie vers un premier retour. Dès 2013, un « Sarkothon » permet d’engranger 11 millions d’euros pour compenser l’invalidation de ses comptes de campagne par le Conseil constitutionnel. « Moi, j’ai un lien particulier avec les Français. Il peut se distendre, il peut se retendre, mais il existe », affirmait-il en 2013.
Sa condamnation dans le procès des écoutes, qui a suscité « stupéfaction » et « tristesse » chez ses soutiens, est venue écorner l’idée d’un recours en 2022 pour une droite encore convalescente.
« J’avais dit que je ne serais pas candidat à l’élection présidentielle, je le maintiens », a-t-il affirmé au Figaro. Tout en ajoutant: « Au moment où chacun aura fait valoir ses ambitions légitimes, je dirai qui je soutiens et pourquoi ». De quoi alimenter les spéculations sur un éventuel soutien à Emmanuel Macron avec qui il affiche une entente cordiale.
L’hypothèse en fait cependant tiquer plus d’un chez LR: « Soutenir Macron, ce serait enterrer le parti qu’il a créé », estime un élu du parti. « Il veut tirer les ficelles. Mais les temps ont changé », affirme un autre.
« Les tempêtes sont dans ma nature et constituent mon identité », affirmait l’ancien président dans son dernier ouvrage « le Temps des tempêtes », en assurant: « J’ai toujours essayé de me rendre indispensable partout où je me trouvais ».