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PEOPLE! MAGUI: La voix féminine du rap Galsen

Si le rap est une musique urbaine, votre invité people du jour en verbalise la version banlieusarde, eu égard à ses origines natales et éducatives. Issue de Yeumbeul, elle est biberonnée aux realias de cette partie de la capitale qui symbolise le plus le vivre galsen. Verbe incisif, symphonie entraînante, son rap est un condensé de thérapie balsamique et de boost à l’action sociale. Femme engagée, elle ne s’assujettit pas aux faux-fuyants ni aux fausses amours, déterminée à dire ce que doivent être les principes d’une vie assumée et d’une musique insoumise.

 

Et si vous nous parliez de vous Magui….

Je suis Magui, artiste engagée et activiste sociale. Mon parcours est marqué par une passion profonde pour l’art, en particulier le rap, que j’utilise comme moyen d’expression pour aborder des sujets cruciaux tels que l’égalité des genres, la justice climatique et les droits des jeunes filles. J’ai grandi à Yeumbeul, un quartier qui a façonné ma vision du monde, et je me suis construite en combinant mes expériences personnelles et mes aspirations à inspirer les autres.

De Yeumbeul aux freestyles pendant les récréations jusqu’à aujourd’hui, comment votre rapport au rap a-t-il évolué ?

À Yeumbeul, le rap était une forme d’amusement et d’expression spontanée, un moyen de briller dans la cour de récréation. Aujourd’hui, il est devenu bien plus que cela : un outil de transformation sociale et un vecteur d’impact. Mon rapport au rap a mûri avec le temps, passant d’une passion personnelle à une mission collective pour porter la voix de ma communauté et défendre les causes qui me tiennent à cœur.

Pourquoi avoir choisi ce genre musical ?

Le rap est un genre qui allie l’authenticité et la liberté d’expression. Il permet de parler sans filtres, d’exprimer les réalités de notre société tout en défiant les normes. J’ai choisi le rap parce qu’il reflète ma personnalité : direct, engagé et profondément enraciné dans l’expérience quotidienne.

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D’ailleurs Comment voyez-vous l’évolution de la place des femmes dans le rap sénégalais ?

Les femmes gagnent en visibilité dans le rap sénégalais, mais elles continuent de faire face à de nombreux obstacles. L’un des défis majeurs reste l’accès aux moyens de production, qui constitue un point lourd de la chaîne pour les femmes. C’est un domaine où le soutien est crucial. De ce fait, j’appelle le ministère de la Culture et le gouvernement à mettre en place des dispositifs efficaces pour accompagner les artistes féminines et garantir une meilleure efficience dans leurs projets.

En tant qu’ambassadrice de la campagne Dolel Sénégal, comment utilisez-vous votre musique pour sensibiliser au changement climatique ?

Mon rôle d’ambassadrice m’a permis d’allier ma musique à des actions concrètes. J’ai notamment mené des initiatives environnementales avec des jeunes du Fouta dans la forêt de Toubacouta, où nous leur avons enseigné comment prendre soin des arbres et des forêts. Nous avons également créé des chansons autour du thème du changement climatique pour sensibiliser et inspirer un changement de mentalité chez les plus jeunes. Ces expériences montrent que la musique peut être un puissant vecteur de mobilisation et d’éducation.

Pourquoi avoir choisi le titre « Seetu » (Miroir) pour votre premier album ? Que souhaitez-vous refléter à travers cette œuvre ?

“Seetu” est à la fois un miroir de notre société et mon propre reflet. Ce titre traduit ma manière personnelle d’entendre et de faire de la musique. À travers cet album, je voulais inviter les gens à se regarder, à réfléchir sur leurs actions et leur environnement, tout en partageant ma vision du monde et mes convictions.

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Votre album intègre des éléments traditionnels comme le tassou, le backou et le Tama. Comment avez-vous travaillé pour fusionner ces styles traditionnels avec le rap moderne ?

La fusion des traditions et de la modernité a été un processus passionnant. J’ai collaboré avec des artistes et des producteurs modernes qui se sont beaucoup référencés aux styles anciens pour trouver un équilibre entre ces deux univers. Mon objectif était de célébrer nos racines tout en explorant de nouvelles sonorités, afin de créer un style unique et intemporel.

À travers « Guiss Mbaax », vous abordez des sujets comme le viol et les tabous autour de la menstruation. Pourquoi est-il important pour vous de traiter ces thèmes dans votre musique ?

Ces sujets touchent directement les jeunes filles, qui sont souvent réduites au silence par la stigmatisation. À travers ma musique, je veux briser ces tabous et offrir un espace d’expression et de réflexion. Il est important de sensibiliser afin de susciter une prise de conscience collective sur ces questions trop longtemps négligées. D’ailleurs ma collaboration avec Plan International m’a donné l’occasion d’échanger avec des jeunes filles vivant en banlieue et de recueillir ainsi des témoignages poignants. Ces échanges ont mis en lumière des problématiques comme le non-accès à l’éducation sexuelle et, parfois, la non-dénonciation de violences qu’elles subissent en silence. Ils ont également renforcé ma détermination à porter leurs voix et à combattre ces injustices qui persistent dans notre société. Il est temps que ces questions soient traitées avec le sérieux qu’elles méritent.

Dans vos textes, vous parlez beaucoup de la vie quotidienne à Dakar et des aspirations de la jeunesse. Quel message souhaitez-vous faire passer à travers ces thématiques ?

Je veux inspirer les jeunes à croire en eux-mêmes, quels que soient les défis qu’ils rencontrent sur leur chemin. Mes textes parlent de résilience, d’espoir et de solidarité. Ils reflètent les réalités de la vie à Dakar, tout en montrant que chacun peut jouer un rôle dans la construction d’un avenir meilleur.

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Quels sont vos projets futurs ?

Je prépare une nouvelle saison de Classroom, avec des thématiques encore plus percutantes. Je travaille également sur mon deuxième album, tout en poursuivant mes projets sociaux. Mon ambition est de continuer à utiliser ma musique et mes initiatives pour avoir un impact durable, au Sénégal et au-delà.

ANNA THIAW


 

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