L’influence des paramètres orbitaux sur le climat terrestre n’est plus à démontrer. Ce sont les fameux cycles de Milankovitch. Toutefois, d’autres interactions astronomiques, de plus grande échelle, pourraient également gouverner l’établissement de périodes chaudes. C’est notamment le cas de la résonance orbitale entre la Terre et Mars. Une nouvelle étude montre d’ailleurs que ce forçage, qui intervient tous les 2,4 millions d’années, pourrait même influencer la circulation océanique profonde.
Au cours de son histoire, la Terre a connu de très nombreuses variations climatiques. La plupart d’entre elles présentent une cyclicité de l’ordre de 10 000 à 100 000 ans, qui est liée à l’évolution de certains paramètres orbitaux, comme l’excentricité (variation de la forme de l’orbite terrestre), l’obliquité (variation de l’inclinaison de l’axe de rotation) et la précession des équinoxes (variation de l’orientation de l’axe de rotation). Ce forçage astronomique induit des variations cycliques d’ensoleillement, qui gouvernent le climat terrestre. C’est ce que l’on appelle les cycles de Milankovitch.
Le climat terrestre influencé par Mars tous les 2,4 millions d’années
Pourtant, les registres sédimentaires indiquent qu’il existe des cycles paléoclimatiques de plus grande échelle. Ceux-ci seraient liés non pas aux variations des paramètres astronomiques du système Terre-Lune, mais à des grands cycles impliquant d’autres planètes du Système solaire.
Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’université de Sydney et de Sorbonne Université révèle que cette interaction astronomique entre Mars et la Terre pourrait même avoir affecté les grands courants profonds de notre Planète
Mars perturberait régulièrement les courants océaniques profonds via un réchauffement du climat
Les scientifiques ont analysé l’organisation des strates sédimentaires déposées en environnement marin profond sur les 70 derniers millions d’années. Ils ont ainsi recensé 387 arrêts de la sédimentation, qui témoignent d’épisodes d’érosion du fond marin et de réorganisations des courants de fond.
Or, ces événements se seraient produits de façon cyclique… tous les 2,4 millions d’années environ ! La comparaison avec les modèles astronomiques révèle que cette cyclicité serait bien associée à celle des interactions orbitales entre Mars et la Terre. Ces résultats, publiés dans la revue Nature Communications, suggèrent donc qu’un réchauffement climatique global induirait une intensification de la circulation océanique profonde. Si par le passé ces périodes chaudes ont été gouvernées par les paramètres orbitaux de la Terre ou les interactions avec d’autres astres comme Mars, le même lien entre climat et courants océaniques profonds peut être supposé pour l’actuel et le futur, même si les causes du réchauffement sont différentes. Ces résultats pourraient donc permettre de mieux comprendre qu’elle sera la réponse océanique au réchauffement climatique actuel.
Jusqu’à présent, les modèles suggéraient que face au réchauffement climatique, le système de courants de l’Atlantique (Amoc) qui est notamment à l’origine du fameux Gulf Stream, pourrait s’affaiblir, voire disparaître. Cette nouvelle étude propose que ce phénomène puisse être contrebalancé par le développement de nouveaux et puissants courants profonds.
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