La sortie de la direction générale des élections (DGE) en réponse aux avocats de Sonko et à une partie de la société civile n’a pas éteint l’incendie autour de l’affaire des fiches de parrainage refusées au leader de Pastef. Ce week-end, quatre professeurs agrégés de droit ont trempé leurs plumes dans le vitriol pour remettre la DGE sur la bonne voie, celle du droit. Abdoul Aziz Diouf, El Hadji Samba Ndiaye, Sidy Alpha Ndiaye et Babacar Niang, ont littéralement corrigé la DGE.
« De quoi le refus de la direction générale des élections de remettre des fiches de parrainage au mandataire de M. Ousmane Sonko est-il le nom ?» La question sonne comme un préambule pour ces juristes. Ils interrogent l’actualité autour de la polémique soulevée par l’attitude de la DGE qui, malgré le verdict du tribunal d’instance de Ziguinchor, tarde à remettre au candidat de Pastef, ses fiches de parrainage. Mais, pour ces universitaires, malgré les termes galvaudés, le Sénégal « se construit et se constitue sous le registre de l’extraversion et de la schizophrénie ».
Et, selon eux, « la présidence de Macky Sall en est une parfaite incarnation ». A preuve, rappellent-ils, « de 2012 à ce jour, le point culminant d’une société humaine s’organisant en marge des préoccupations de l’État de droit a été atteint au Sénégal ». Ils citent la « vassalisation de la magistrature », la « caporalisation de l’administration (recteurs d’universités sénégalaises, gouverneurs, préfets, Agent judiciaire de l’État, administration pénitentiaire…) » et, la «féodalisation des forces de défense et de sécurité (police et gendarmerie) » qui, entre autres, « sont devenues les nouvelles figures de la scène sociale».
Pour ces agrégés de droits, l’actualité pré-électorale, marquée par le refus de la DGE de remettre des fiches de parrainage au mandataire de Sonko « est topique de la crétinisation de l’administration sénégalaise». « Démembrement de l’exécutif, la DGE exerce, en principe, de simples compétences techniques et matérielles requises pour la régularité du processus électoral. Une observation concrète des actes d’autorité pris par cette structure administrative renseigne qu’elle s’est attribuée indûment les prérogatives dévolues aux organes juridictionnels », jugent-ils dans une contribution rendue publique hier.
Rappelant qu’en 2022, lors des élections législatives, « la DGE s’était octroyée le pouvoir d’invalider la liste des titulaires de la coalition « Yewwi Askan Wi » au profit de celle des suppléants, et ce, avec la couverture illégale ultérieure du Conseil constitutionnel », ils sont d’avis que ce démembrement du ministère de l’intérieur « reproduit, à foison, ses postures anti-républicaines à travers l’étape des parrainages». «Prétextant la ‘’radiation’’ de M. Ousmane Sonko des listes électorales, la DGE estime nécessaire de ne pas remettre au mandataire du leader du Pastef des fiches de parrainage.
Par ce procédé, l’organe dirigé par M. Thiendella FALL confisque les prérogatives dévolues exclusivement au Conseil constitutionnel, seule instance (juridictionnelle) habilitée à entériner l’éligibilité d’une candidature aux élections présidentielles », tranchent-ils.
EMN