Grand a été mon étonnement de savoir que l’éligibilité de Karim Wade et de Khalifa Sall ont fait l’objet de discussion au niveau du dialogue politique. Pourquoi ne pas alors avoir discuté du cas Sonko/Adji Sarr ? La vérité est que c’est faire preuve d’un excès de zèle inutile que d’inscrire ces ‘’cas’’ à l’ordre du jour d’une discussion qui, a priori, n’aboutira à rien.
La preuve, ils ont inscrit ce point parmi ceux sur lesquels il n’y a pas de consensus. On peut cependant se demander sur quoi un quelconque consensus sur ces questions allait porter ?
Une commission de dialogue politique ne peut en fait, que faire des recommandations. Et même là, ce serait inapproprié. Parce que, dans tous les cas, Macky est le seul qui peut les faire amnistier par l’Assemblée nationale. S’il a demandé à ses ouailles du dialogue d’inscrire ce point, c’est dire qu’il était dans le louvoiement.
Si ce sont les gens de l’opposition ou des non-alignés qui l’ont fait admettre comme point, ils étaient dans le rêve. Il y a des procédures judiciaires contre ces leaders politiques. La Justice s’est prononcée et ils ont été condamnés, emprisonnés avant d’être graciés. Depuis, ils devraient, en principe, être libres.
Cependant, ils pèsent sur eux, cette perte de l’éligibilité, ce qui, pour un homme politique, n’est pas acceptable.
Même si les procédures les concernant n’ont pas respectés leurs droits comme les juridictions internationales l’ont reconnu, ils sont tout de même sous l’emprise des dispositions régaliennes de la loi sénégalaise même si, à ce propos, il y a encore un problème d’interprétation des textes.
Comment peut-on penser dialoguer sur cela ? Et quel est le résultat escompté ? Tordre le bras à Macky ? C’est peine perdue.
C’est pourquoi, en lui renvoyant ce point comme de ‘’non-accord’’, la Commission du dialogue politique n’a fait qu’aggraver les cas des concernés. Ils n’ont fait qu’essayer de dire que les leaders politiques sont divisés sur cette question. Alors qu’en réalité, depuis le début, rien n’a changé : ceux de la coalition défendent les positions du leader de leur coalition et, a contrario, l’opposition soutient Khalifa et Karim.
C’est un ‘’ni oui-ni non’’ de la Commission du dialogue politique qui ne fait qu’enfoncer davantage les concernés. Et ce n’est pas sérieux.
Macky sait parfaitement qu’il n’a besoin de quiconque pour rétablir ses leaders dans leurs droits en se passant de condamnations obtenues dans les conditions que l’on sait.
Malheureusement, à l’approche des locales, ce sont les mêmes manœuvres qui continuent : Ils risquent d’être exclus des futurs processus électoraux. Pourtant, ces dossiers ont suffisamment pris en otage notre démocratie pour être classés dans les tiroirs de l’oubli. En clair, si nous ne savons pas s’arrêter, il arrivera un moment où la roue tournera et que les oppresseurs se retrouvent dans de beaux draps.
En politique comme en géopolitique, il faut savoir changer, s’arrêter. On n’use pas et on n’abuse pas des mêmes stratégies et on ne continue pas à humilier ses adversaires même après les avoir battus. Le Sénégal a besoin de dégel, de décrispation surtout après le traumatisme général de ce début mars.
Ne pas le comprendre, c’est s’entêter à penser que rien ne bouge et que le monde n’évolue pas. Ce qui est contraire au matérialisme dialectique et à la loi de la relativité.
Qui peut, dans ce monde, penser qu’il a toujours raison et qu’il va toujours gagner ? Evidemment, ce serait une grosse erreur. Alors, autant savoir tourner la page, pardonner, une fois les objectifs atteints.
Attention à la roue qui ne cesse de tourner et qui fait que les anciens oppresseurs d’hier deviennent les victimes d’aujourd’hui.
Malheureusement, le syndrome de Stockholm selon lequel les victimes, une fois libres, perpétuent les mêmes actes qu’elles ont subis contre d’autres personnes, selon une forme de conditionnement émotionnel, sévit, aussi, en politique.
Assane Samb