Les candidats à la candidature pour la présidentielle du 25 février 2024 au Sénégal ont entamé, le 27 septembre, la course aux parrainages. Même si ce critère existe depuis des décennies dans l’arsenal juridique électoral sénégalais, il continue à diviser, à mesure que la présidentielle approche.
C’est l’élection la plus courue de l’histoire politique du pays, à en croire le nombre de prétendants au siège suprême déjà enregistrés. Une semaine après le début du processus de retrait des fiches de parrainages à la Direction Générale des Elections (DGE), au moins 200 aspirants à la candidature ont déjà toqué à la porte, pour retirer le précieux sésame.
« Au dernier pointage, le 3 octobre, nous étions à 206 retraits de fiches » a rapporté mercredi à BBC Afrique, Biram Sene, un responsable de la DGE. C’est cette fiche qui permettra aux potentiels candidats, de solliciter des parrainages sur le terrain, afin de voir leurs candidatures validées, pour concourir à la prochaine présidentielle.
Selon la loi électorale du pays, chaque candidat a le choix entre se faire parrainer par des électeurs, encore appelé Parrainage citoyen ou par des élus. En fonction des choix, l’article 120 du code électoral sénégalais fixe à un minimum de 0,6 % et un maximum de 0,8 % de signatures des membres du corps électoral, si l’on décide de solliciter les électeurs comme parrains. Sinon, le candidat aura besoin des signatures de 8 % des députés dont le mandat est en cours à l’assemblée Nationale, à défaut d’avoir 20 % de maires et présidents de conseils départementaux. Concrètement, cela fait entre 44.231 et 58.975 signatures d’électeurs venant de 7 régions sur les 14 que compte le pays, avec un minimum de 2 000 par région, pour ceux qui auront choisi de solliciter les électeurs. Pour ceux qui choisissent les élus, ils ont besoin de 13 députés ou 120 maires et présidents de conseils départementaux.
Pourquoi les parrainages restent controversés au Sénégal ?
Depuis la réintégration en 2018 de cette étape dans la constitution des dossiers de candidatures dans le code électoral sénégalais, l’opposition la considère comme une stratégie du pouvoir pour éliminer les opposants.
D’abord parce que très peu de candidats réussissent à traverser cette étape des parrainages. Lors de la dernière présidentielle tenue en 2019, seuls 5 candidats ont réussi à passer par les mailles de ce filet. Pourtant ils étaient au départ 129 à l’assaut des parrainages. 27 ont réussi à déposer des dossiers, 19 ont été rejetés par le conseil constitutionnel, pour n’en retenir que 5, dont l’ex-parti Pastef de Ousmane Sonko qui ne pourra pas être sur la ligne de départ en février prochain car le parti a été dissout, et son président et maire de Ziguinchor dans le sud du pays est poursuivi.
Jeudi 12 octobre, un juge du tribunal de Ziguinchor a ordonné la réinscription d’Ousmane SONKO sur la liste électorale, le rendant de ce fait éligible à la candidature pour la présidentielle du 25 février prochain. Ce qui devrait lui donner le droit de disposer d’une fiche pour recueillir les parrainages sur le terrain. Mais le gouvernement compte faire appel, a confié à la BBC, Me Dialy Kane, avocat de l’Etat dans ce dossier, qualifiant la décision judiciaire de « scandaleuse ». « D’abord parce que ce juge n’a pas assez de garanties de neutralité, étant le frère de monsieur Sonko », tempête l’avocat, qui ajoute que le juge n’a pas eu assez de temps pour juger l’affaire.