La baisse des tensions observées au Sénégal après de meurtrières manifestations est une bouffée d’oxygène pour tous. Les populations savourent ces moments de paix sous fond de tension. Une paix qui n’exclut évidemment pas un sentiment réel d’insécurité, perceptible partout.
Des leviers sûrs de médiation sont évidemment en action. Les manifestants ont, pour le moment lâché du lest. Et on ne sait pas encore du côté des autorités ce qu’elles vont concéder. Car, dans une situation pareille, il faudra nécessairement des efforts de part et d’autres. Bien sûr c’est une paix précaire. Une paix qui mérite la consolidation. Et pour se faire, il faudrait que les acteurs se parlent. En conséquence, en sus du dialogue national lancé, notre conviction est qu’il faudrait que les autorités et ce large front de la Société civile et des partis politiques puissent s’aménager un canal de dialogue.
Le Sénégal a eu la chance, à ce moment de son histoire, d’assister à la création de ce front large avec de fortes personnalités dont le patriotisme ne souffre d’aucune ambigüité. Ils sont alors, de ce fait, des interlocuteurs valables. Des gens avec qui les autorités doivent entrer en dialogue, le plus rapidement possible. C’est, pour nous, le moyen le plus fiable d’aller vers une paix durable. Ce dialogue, qui doit rester souterrain pour ne pas dire secret, pourrait amener ces différents acteurs à aborder les questions qui fâchent et sur lesquelles des solutions sont possibles.
Ces passerelles doivent être érigées afin de sauver un pays qui en est à une phase critique de son histoire confronté qu’il est à plusieurs contradictions. Bien sûr, le F24 a décidé de tenir un rassemblement ce vendredi et une marche le samedi. Des initiatives que d’aucuns trouvent prématurées au regard du contexte mais qui peuvent avoir un effet relaxant immédiat. C’est une bouée de sauvetage, un espoir pour ceux qui sont meurtris par la condamnation de leur leader qui perd, derechef, son éligibilité.
Donc, ces activités pourraient être autorisées parce qu’elles ont l’avantage de la légalité et de la légitimité pour offrir à ceux qui sont frustrés, un cadre d’expression et de manifestation pacifique. Mais, il ne faudrait pas que chaque camp campe dans ses positions. Ce serait un dialogue de sourd. Et au fur et à mesure que l’on s’approchera des élections, la tension pourrait monter d’un cran même si le dialogue national pourrait, lui aussi, engendrer des solutions efficaces de sortie de crise. Il est heureux alors que les leaders du F24 entrent en contact avec les autorités ou vice versa. Si ce n’est pas déjà fait. Car, nous sommes assis sur un volcan avec, en toile de fond, une bombe sociale que constitue une jeunesse désœuvrée et désemparée.
Or, le génie sénégalais, expérimenté à travers une histoire tumultueuse, doit nous permettre de surmonter ces contradictions nées du caractère inadapté de certaines de nos institutions et des égos démesurés des acteurs politiques présents. Il est temps alors que la raison parle.
Assane Samb