Au-delà des graves dysfonctionnements techniques et organisationnels, le Centre hospitalier régional (Chr) de Saint-Louis est englué dans un bras de fer financier avec la mairie, rapporte L’OBS. Une dette accumulée dans le cadre d’une convention de prise en charge des cas sociaux, exacerbe la situation déjà critique de l’établissement. Selon Zayir Fall, chargé de communication du CHR, la mairie doit à la structure 200 millions de FCfa, dette qui s’est creusée sous la gestion du maire Mansour Faye. Dès son arrivée, le maire avait signé une convention pour garantir une prise en charge efficace des cas sociaux. «Chaque fin de mois, nous envoyons les factures, mais les paiements ne suivent pas», déplore Zayir Fall.
Face à cette impasse, le service social de l’hôpital, un pilier essentiel pour les plus démunis, a été suspendu pour la deuxième fois en quelques mois. La première, renseigne-t-il, avait brièvement débouché sur un versement partiel de 15 millions de FCfa, une somme bien en deçà des besoins pour relancer les activités.
La mairie conteste les chiffres
De son côté, la mairie ne nie pas la dette, mais s’interroge sur le montant exact. Lamine Ndiaye, deuxième adjoint au maire chargé de la Santé et de la protection sociale, remet en cause les chiffres avancés par l’hôpital : «Parfois, ils parlent de 150 millions, d’autres fois de 180. Ces variations manquent de justification. Nous avons hérité de cette situation et faisons tout notre possible pour la régulariser.» Le responsable municipal insiste sur la nécessité de clarifier les arriérés avant tout paiement. «Nous ne refusons pas de payer. Nous avons signé un protocole en avril pour honorer les nouvelles factures. Mais pour les dettes antérieures, nous demandons des preuves claires.» Selon lui, cette crise dépasse le cadre de l’hôpital et reflète un climat de tensions politisé.
La suspension du service social marque «une première» dans l’histoire du CHR de Saint-Louis. Lamine Ndiaye rappelle pourtant les investissements massifs de la mairie dans cet établissement, estimés à 500 millions de FCfa. Ces contributions ont notamment permis l’acquisition d’équipements stratégiques tels qu’un scanner moderne, une laparoscopie ou un appareil de banalisation des déchets biomédicaux, qui leur «a été vendu, il y a trois ans, à plus de 100 millions de FCfa par l’actuel Directeur de l’hôpital qui évoluait alors dans le privé.»