En Ethiopie, des milices amharas sont sur le pied de guerre au sud et à l’ouest du Tigré. Une mobilisation qui fait suite aux propos du Premier ministre Abiy Ahmed, qui souhaite repousser une offensive des Forces du Tigré.
Les rebelles ont lancé cette semaine une opération pour récupérer des territoires dans l’ouest et le sud du Tigré, contrôlés par les forces de sécurité de l’Amhara, région qui borde le Tigré au sud. Des milliers de forces amharas, dont des combattants de milices, se sont déployés à la frontière entre les deux régions.
Trois autres régions éthiopiennes ont indiqué jeudi qu’elles envoyaient des troupes pour appuyer l’armée fédérale. « Nous sommes venus ici pour prendre les mesures nécessaires, pour les anéantir et pour les faire payer. Tout le peuple Amhara est mobilisé. Le peuple a été très patient avec l’approche du gouvernement jusqu’à présent, mais même si les ordres ne viennent pas, nous ne reculerons pas », déclare Solomon Alabachew, membre d’une milice amhara.
Le mois dernier les forces fédérales avaient déclarés un cessez-le-feu unilatéral alors que les Forces du Tigré avançaient vers Mekele, la capitale régionale. Le « commandement militaire » rebelle a fait état jeudi d’une contre-offensive lancée par les troupes gouvernementales et amharas près de Mai Tsebri. Mais ses opérations continueront « à une plus grande échelle que les précédentes », a-t-il promis.
Le président du gouvernement tigréen d’avant-guerre, Debretsion Gebremichael, a assuré dans un communiqué que les forces du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) ne combattaient pas la population amhara, mais qu’elles voulaient restaurer les frontières du Tigré. Les dirigeants amharas affirment, eux, récupérer des terres appartenant à leur région – et que le TPLF, alors dominant dans la vie politique nationale, a selon eux rattachées illégalement au Tigré lors d’un redécoupage administratif de l’Ethiopie en 1991 – sans vouloir nuire aux civils tigréens.
En territoire Amhara, des habitants sont prêts à reprendre les armes dans ce long conflit sur le contrôle des terres. « Ils disent qu’ils sont prêts à nous détruire, mais nous resterons quoi qu’il arrive. Avec la volonté de Dieu, notre temps est venu maintenant », Asfaw Abera, membre de l’ethnie amhara rentré dans l’ouest du Tigré après 30 ans à Khartoum, au Soudan, pendant 30 ans
Déclenché en novembre dernier, le conflit au Tigré a fait des milliers de mort et des millions de déplacés. Selon l’ONU, plus de 400 000 personnes ont franchi le seuil de famine alors qu’Amnesty International a dénoncé cette semaine des arrestations arbitraires, dont celles de militants et de journalistes.