La mouvance présidentielle a décidé de jouer avec le feu avec la « réélection » de son candidat en 2024, Macky Sall pour un 3è mandat jugé « anti constitutionnel ». Dans cette perspective, la coalition au pouvoir Benno Bokk Yakaar va organiser un séminaire préparatoire, ce samedi pour mettre en selle le successeur du président Wade
Les partisans du président Sall font focus sur l’élection présidentielle prévue en 2024. Ce, pour théoriser la candidature de leur mentor pour un deuxième quinquennat, synonyme d’un 3è mandat, après son premier septennat (2012 – 2019). Et tout le travail de terrain, de communication dans les médias et arguments pour convaincre de la pertinence d’une 3e candidature, seront passés au peigne-fin le samedi 24 décembre, au cours d’un séminaire, à Dakar, dans un hôtel de la place. Lequel séminaire aura pour thème : « Quelle coalition pour la victoire en 2024 ? » Benno Book Yakaar, resté sourde aux réprobations de l’opposition et de la société civile, sur les dangers d’un 3e mandat, fait de la réélection de Macky Sall, en haute voix, une question de conviction et de principe. Seulement, le mutisme des guides religieux face au danger qui guette le Sénégal, est aujourd’hui tellement assourdissant qu’on se demande s’ils élèvent la voix au moment où le pays sera plongé dans un chaos, est-ce qu’ils seront entendus par le peuple.
Elu en 2012 et réélu en 2019, le président Macky Sall entretient depuis des mois le flou sur ses intentions, alors que les avis divergent sur sa légitimité à se représenter et que l’opposition promet une résistance farouche s’il franchit le pas. En effet, la Constitution stipule qu’ « un président ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Mais un certain nombre de voix s’élèvent dans le camp présidentiel pour défendre l’idée d’un troisième mandat en invoquant la révision constitutionnelle de 2016, qui remettrait les compteurs à zéro d’après eux. Sauf que l’article 27 constitue aujourd’hui le garde-fou qui peut empêcher ce que l’on pourrait qualifier de « coup d’Etat constitutionnel ». Il faut rappeler qu’en 2012, la candidature du président sortant Abdoulaye Wade à un 3è mandat avait provoqué des scènes de violences qui avaient causé plusieurs morts.
A l’époque, le président Macky Sall s’était joint à un combat pour le respect de la Constitution, dont il a été finalement le principal bénéficiaire. Dans une déclaration publiée récemment, les organisations de défense des droits humains et de la démocratie, comme AfrikaJom ou la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), avaient rappelé qu’ailleurs en Afrique, le forcing pour un 3è mandat a toujours eu des conséquences particulièrement tragiques. Notamment en Guinée, en Côte d’Ivoire et même au Sénégal.
Mamadou SALL