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A la découverte de GABRIELLE CISSOKO: L’âme florale de la peinture féminine
A la découverte de GABRIELLE CISSOKO: L’âme florale de la peinture féminine

A la découverte de GABRIELLE SISSOKO: L’âme florale de la peinture féminine

L’âme métisse, l’invité de votre people la tient de sa naissance et de ses pérégrinations. Citoyenne du monde, Gabrielle, de son prénom d’ange, Sissoko, de son nom d’Afrique, est une plurielle dans une singulière. Personnalité florale, Gaby s’est tachetée dans la peinture en empirisant les sémantismes cosmétiques de tout ce qu’elle a approché. Holistique, elle n’en est pas moins picturale dans le rendu de ses expériences formatives qui l’ont poussée à faire de son métier un outil de sororité pour sensibiliser les femmes dans une sorte de thérapie maïeutique assez originale. Lisez pour en être sublimé…

Qui est Gabrielle Sissoko ?

Gabrielle vient de s’installer au cœur de la Nature, près de Cap Skirring, source d’inspiration propice à son art. Issue du milieu du soin, rien ne la destinait à la peinture. En principe seulement. Car cette Franco-malienne née à Bamako crée depuis qu’elle est enfant. Un parcours riche et atypique, qui l’a amenée à explorer de nombreuses pistes.

Des soins à la peinture, comment s’est enjambée la passerelle ?

J’ai en fait eu plusieurs vies dans une vie ! La plupart de mes apprentissages sont autodidactes, en partage avec des passionnés comme moi. Le fil rouge de mes différents exercices est de soutenir la vie, la vitalité, l’harmonie. Je suis d’abord jardinière, depuis toute petite, je suis amie des plantes. Je les ai étudiées sous un angle botanique d’abord, puis de façon empirique, j’ai appris à en extraire les vertus dans les cosmétiques, jusqu’à en faire mon métier. Lorsque j’ai habité à la Réunion, mon entreprise, Soliflor, a reçu le Prix de l’Innovation en 2010 pour sa démarche de valorisation du patrimoine végétal. J’ai été l’une des premières en France à rétablir les lettres de noblesse du savon à froid et j’ai formé de nombreuses personnes aux formulations cosmétiques. Il me tenait à cœur d’inspirer les femmes à s’approprier leur beauté naturellement et à devenir conscientes de la composition des produits qu’elles utilisaient.

Au fur et à mesure de ma pratique, j’ai formulé des centaines de produits : savons, baumes, parfums… j’ai découvert que j’étais un peu alchimiste… Je travaille maintenant à la commande, sur mesure. J’ai également exercé en tant qu’infirmière et thérapeute pendant plus de vingt ans. J’ai complété ma formation initiale par une approche psychologique et humaniste, pour une approche plus globale au service de mes patients. Mon approche est centrée sur les liens humains et les potentiels non révélés. Je continue à donner des consultations, en individuel ou pour des entreprises. Parallèlement à cela, j’ai continué à créer : c’est vital pour moi de concrétiser mes idées et de faire sortir quelque chose de mes mains : des bijoux, des mobiles, des habits, des projets de décoration. En fait, je crée constamment mon univers, la nature, les Hommes, les liens et l’histoire humaine m’inspirent.

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Peignez-nous votre style ?

En fait, la peinture m’a prise au dépourvu il y a trois ans. Cela m’est venu comme un impératif. J’ai acheté un peu de matériel et je me suis lancée, je me suis laissée faire par les couleurs. Pour aboutir à un tableau, cela peut prendre plusieurs années, une base se pose d’abord, comme une ambiance, et puis j’y reviens pour ajouter des détails ou tout reprendre. Ce n’est pas intellectuel, ma peinture vient de mes tripes, de mon cœur. Je restitue des mémoires sensorielles, des choses très archaïques en moi.

La peinture est un temps d’écoute, entre moi, les couleurs et l’eau. A un certain moment, je le sens, c’est fini. Je peignais donc dans mon coin, je découvrais, j’expérimentais. C’est mon entourage qui m’a lancée à me professionnaliser et à sortir un peu de mon atelier. J’ai déjà vendu plusieurs toiles sans avoir exposé. Et je suis très contente de les savoir là où elles sont.

Vous dites, à travers votre peinture, vouloir « harmoniser un espace de vie et révéler sa nature subtile ». En quoi faisant ?

J’ai entrepris des études de décoratrice, j’ai développé mon regard sur les espaces. L’environnement est un élément crucial de bien être au même titre que la santé, les relations, l’épanouissement général. Donc une œuvre, quelle qu’elle soit, va décupler le sentiment d’être bien dans cet espace ou complètement le transformer. Une œuvre d’art apporte un supplément d’âme à une pièce. Un tableau a cette particularité, qu’il ouvre également une fenêtre. C’est la raison pour laquelle certains de mes tableaux s’appellent « portail ».

Quel est le tableau qui vous a le plus marquée ?

J’ai peint un tableau qui s’appelle Wusulani, en hommage à l’encens malien. Ce tableau a été peint dans la nature, sous les arbres. Cela a été une belle traversée à travers les couleurs blanc, bleu, vert et or. Quand je l’ai eu fini, j’ai pensé à l’empreinte olfactive que je porte des senteurs d’encens dans les maisons africaines. J’ai réalisé une petite vidéo sur mon site internet pour en parler.

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Quelle appréciation faites-vous de la politique de l’art au Sénégal ?

Je serais bien mal placée pour en parler, car je suis trop fraîche ici pour avoir une vision globale. Ce que je peux dire c’est que le Sénégal et l’Afrique en général regorgent d’artistes talentueux et qui méritent de rayonner largement. Sans soutien institutionnel, sans intérêt de la population, l’artiste ne peut développer son art de façon optimale. L’art africain a souvent un ancrage fort dans l’histoire et les traditions du continent.

Cette approche animiste me touche profondément. L’enjeu pour les artistes, est d’aller de l’avant dans nos créations, tout en continuant de véhiculer nos valeurs africaines fortes, qui font que le monde nous respecte et que les regards se tournent chaque jour un peu plus sur les ressources africaines, qui sont notamment humaines, et créatives. Il faut également sensibiliser les jeunes à l’art au plus tôt, leur mettre des couleurs dans les mains, les encourager à créer, et leur rendre l’art plus visible, notamment en région.

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Retrouverons-nous votre travail à la biennale en 2024 ?


Les sélections ne sont pas encore faites, mais la note d’intention me touche beaucoup, et je serais très heureuse de pouvoir partager ce moment de célébration avec les créateurs du continent. L’avenir nous le dira !

ANNA THIAW

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