On y perd le nord avec ces libéraux. Les analystes les plus perspicaces y perdent la tête. De séparations fracassantes, ils se réconcilient au moment où l’on ne s’y attendait le moins.
Me Madické Niang qui vient pourtant de sceller un pacte avec la nouvelle coalition de l’opposition dirigée par Idrissa Seck, s’est réconcilié avec Me Abdoulaye Wade.
Deux anciens amis, deux fidèles compagnons qui, depuis la préparation de la présidentielle de 2019, se sont séparés d’une façon rocambolesque. Depuis, chacun a pris un chemin différent de l’autre.
Exactement comme entre Macky Sall, l’actuel Président de la République, et l’ancien, le Pape du Sopi.
Après une séparation fracassante, le ‘’fils’’ a battu le ‘’père’’ à la présidentielle de 2012 et a opté de réduire son parti à sa plus simple expression. Il a emprisonné le fils biologique Karim avant de l’exiler au Qatar, dans une procédure inconnue de notre législation.
Mais, contre toute attente, ils viennent de sceller des retrouvailles en grande pompe, le jour d’un évènement religieux, l’ouverture de la mosquée de Massalikul Jinaan.
Entre temps, d’autres gradés de l’écurie des libéraux, comme Aida Mbodj, Souleymane Ndéné Ndiaye, Modou Diagne Fada, Farba Senghor, Pape Samba Mboup, etc., ont durement combattu Macky, pour certains, avant de le rejoindre. Toujours de façon spectaculaire.
Ce qui est clair, c’est qu’avec ces libéraux, les Sénégalais continueront à avoir le tournis, tant la tortuosité de leur démarche inquiète et séduit parfois. Ils sont à la fois partout et nulle part. L’idéologie a été remplacée par l’opportunisme, le réalisme politique a pris le pas sur toute autre considération.
Or, à y regarder de près, on se rend compte que leur dénominateur commun, c’est d’être des ‘’fils’’ politiques de Abdoulaye Wade. Ils sont tous sortis de son école.
Ce qui nous fait croire qu’ils sont en train de réciter les leçons reçues, de perpétuer une tradition wadienne qualifiée de perspicace avec la particularité de l’insaisissabilité.
Me Wade a formé des générations de cadres tout comme Senghor. Mais si la premier était toujours attaché à des valeurs, des principes malgré ses erreurs, Wade a toujours brillé par son machiavélisme qu’on peut qualifier d’humanitaire parce qu’il sait sourire, changer, rectifier, s’excuser, reculer et même abdiquer. Il sait faire des dons, faire plaisir à ses proches, aider ses compatriotes, tout en faisant d’eux des outils d’instrumentalisation politique.
Wade a donc forgé tous ces hommes et ces femmes à son image. Il a mis dans leurs têtes qu’ils doivent désormais gouverner le Sénégal aussi longtemps que possible. Il rêve en réalité que ces ouailles exercent le pouvoir à sa place. Une sorte d’incarnation du père à travers le fils.
Le problème, dans cette démarche, c’est que tantôt on les voit au sein du pouvoir, tantôt au niveau de l’opposition, avec la même désinvolture.
Me Wade lui-même a presque aidé Macky à rester au pouvoir en 2019. Il a adopté une position très floue, a brouillé exprès les pistes tout en donnant l’impression d’être dans une opposition radicale.
En conséquence, qu’Oumar Sarr soit exclu ne signifie rien pour les libéraux. On ne peut pas lui reprocher d’être allé dialoguer avec Macky au moment où Wade lui-même le fait. De toutes les façons, attendons-nous de le voir prochainement aux côtés de Wade.
C’est révélateur encore de leur jeu. Leurs ententes comme leurs séparations sont factices. Il n’y a rien de sûr, rien de concret.
La preuve, ils avaient négocié avec Macky pour le départ de Karim au Qatar, tout en condamnant publiquement la démarche.
En conséquence, ils ont raison de dire qu’ils seront là pendant longtemps. Car, ils sont partout et nulle part et peuvent changer de camp quand ils veulent.
L’école politique de Wade a fabriqué une race de politiciens assoiffés de pouvoir et capables de manœuvrer pour s’en rapprocher. Alors, il faudra compter encore longtemps avec eux. Qu’on le veuille ou non.
Assane Samb