Un nombre impressionnant de 78 millions de filles et de garçons dans le monde aujourd’hui « ne vont pas du tout à l’école » à cause des conflits, des catastrophes climatiques et des déplacements tandis que des dizaines de millions d’autres ne reçoivent qu’un enseignement sporadique – a déclaré jeudi le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres. Apportant son soutien à un appel à davantage de financement pour l’éducation dans les situations d’urgence lancé par le fonds mondial des Nations Unies ‘Education sans délai’ (Education Cannot Wait), le chef de l’ONU a insisté dans un message vidéo sur le fait que personne ne devrait se voir refuser sa chance d’apprendre.
Aujourd’hui, 222 millions d’enfants connaissent une éducation dégradée, a noté M. Guterres. « Peu importe qui vous êtes, où que vous viviez, quels que soient les obstacles qui se dressent sur votre chemin, vous avez droit à une éducation de qualité », a-t-il dit, dans un appel à davantage d’efforts internationaux pour garantir que les enfants et les jeunes les plus vulnérables aient leur chance de réussir.
Dans son message adressé à la Conférence de haut niveau sur le financement d’Education sans délai à Genève, le Secrétaire général s’est félicité du fait que depuis sa création en 2017, le fonds a formé 87.000 enseignants et donné à sept millions d’enfants en situation de crise « l’éducation qu’ils méritent ».
Alors que les promesses de dons de 18 pays et du secteur privé ont dépassé 826 millions de dollars le premier jour de la conférence, l’Envoyé spécial des Nations Unies pour l’éducation mondiale et président du groupe de pilotage de haut niveau d’Education sans délai, Gordon Brown, a salué le soutien international à l’apprentissage pour tous, en tant qu’investissement dans une paix durable. « Nous parlons des enfants les plus isolés, les plus oubliés au monde. Nous parlons de filles qui se retrouvent victimes de la traite ou contraintes au travail des enfants ou au mariage des enfants », a-t-il poursuivi.
Avec sa propre histoire douloureuse sur l’éducation en crise en Afghanistan, Somaya Faruqi a expliqué que bien qu’elle ait fui le pays lorsque les Talibans ont pris le pouvoir en août 2021, nombre de ses « sœurs » ont été abandonnées.
Ses amies sont désormais incapables d’étudier après avoir été interdites d’aller en cours par les autorités de facto, a déclaré Somaya Faruqi, 20 ans, qui reste en contact avec elles et travaille comme militante des droits des femmes pour mettre en lumière leur sort. « La situation est bien pire que ce que vous pouvez voir dans les informations et les médias sociaux », a-t-elle déclaré à ONU Info. « Chaque jour, je reçois des messages de mes amies disant qu’elles sont forcées de se marier, quel que soit leur âge ou leur consentement ». « Je ressens un profond sentiment de responsabilité pour soutenir mes sœurs qui sont toujours en Afghanistan. Chaque jour, je reste en contact avec elles, même si leur situation n’est pas bonne », a-t-elle ajouté.
Somaya Faruqi, originaire de Herat, dans l’ouest de l’Afghanistan, étudie actuellement l’ingénierie mécanique à l’Université des sciences et technologies du Missouri, aux États-Unis. Son intérêt pour réparer les choses vient du fait qu’elle aidait son père à réparer des voitures, ce qui a suscité un intérêt pour la robotique, en tant que capitaine de l’équipe de robotique des filles afghanes.
Avant la prise de pouvoir d’août 2021, « l’Afghanistan était un endroit que j’appelais chez moi », a-t-elle expliqué, « où je pouvais poursuivre mes rêves et contribuer au développement de ma communauté. Cependant, depuis que les Talibans ont pris le contrôle, la situation est devenue désastreuse ».