Les Béninois ont voté dimanche sans grande affluence et dans le calme pour élire leurs 109 députés, un scrutin marqué par le retour de l’opposition, une première sous le président Patrice Talon après quatre ans d’absence.
Les rues de Cotonou, capitale économique, étaient calmes et tous les marchés et magasins étaient fermés. Il s’agit là d’un test clé pour le petit pays d’Afrique de l’Ouest, jadis perçu comme un modèle de démocratie, où le président Talon a favorisé le développement économique, selon ses partisans, mais au prix d’un recul démocratique, selon l’opposition. Car aujourd’hui, les principales figures de l’opposition sont soit derrière les barreaux, soit en exil.
L’opposition n’avait pas pu participer aux élections en raison d’un durcissement des règles du scrutin. Seules deux formations de la mouvance présidentielle avaient été autorisées à concourir, donnant lieu à un Parlement entièrement acquis au président Talon. Cette fois, sept partis politiques, dont trois se réclamant de l’opposition, ont été autorisés à participer. Pourtant, deux de ses principaux adversaires -le constitutionnaliste Joël Aïvo et l’ancienne Garde des Sceaux Reckya Madougou- sont toujours emprisonnés, condamnés à de lourdes peines.
De son côté, le ministre chargé de la Défense, Fortunet Alain Nouatin, a appelé la population à sortir « massivement » pour aller voter. « Toutes les dispositions sécuritaires sont prises pour le bon déroulement du vote », a-t-il affirmé. Mais à Cotonou, capitale économique, comme ailleurs dans le pays, on ne s’est pas pressé pas pour aller voter.
La PEOSC, qui a mobilisé plus de 700 observateurs sur le territoire, a noté une « faible affluence (matinale) des électeurs » et une « amélioration » dans l’après-midi. « Les gens n’ont plus trop d’espoir, ils ont peur des magouilles. Ils se disent que c’est inutile », a insisté Bawa Alimiyao, 40 ans, devant une école primaire à Cotonou, son bureau de vote. « Ce gouvernement m’a déçu, on avait espoir. On attend le changement et on a besoin de députés représentatifs du peuple », a-t-il dit.
Au terme d’une campagne pacifiée, quelque 6,6 millions d’électeurs doivent désigner les 109 députés, dont au moins 24 femmes – au moins une par circonscription – selon le nouveau Code électoral. Les résultats sont attendus la semaine prochaine. Les partis qui recueilleront plus de 10% des suffrages se répartiront les 109 sièges, selon le système proportionnel.
Au-delà de la place que se fera l’opposition au Parlement, cette élection revêt une importance particulière: le mandat des membres de la Cour constitutionnelle arrive à échéance au cours de l’année. Or, la composition de cette Cour, dont quatre membres sont désignés par les députés, les trois autres étant choisis par le chef de l’Etat, pourrait s’avérer capitale dans trois ans.
Élu en 2016, réélu en 2021, le richissime homme d’affaires Patrice Talon a lancé des réformes politiques et économiques tous azimuts en vue d’engager son pays dans la voie du développement. Mais cette modernisation s’est aussi accompagnée d’un important recul démocratique, selon l’opposition.