Le Sénégal fera partie, à partir de décembre 2023, des pays producteurs de gaz, un produit qu’il exploitera dans le cadre des champs gaziers qu’il partage avec la Mauritanie. Dans cette perspective, des dirigeants du monde entier, notamment ceux de l’Europe, se bousculent aux portes du pays dans le but de gagner des parts de cet important marché estimé par les autorités sénégalaises à 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an dans un premier temps, et 10 millions en 2030.
Le Chancelier allemand Olaf Scholz et même, tout récemment le Président Polonais, Andrzej Duda, ont effectué des déplacements au pays de la Téranga pour discuter de cette coopération énergétique, notamment pour ce qui concerne le Gaz.
Et du côté du Sénégal, le Président Macky Sall avait donné des garanties dans ce sens. Il avait annoncé que le Sénégal reste disposé à procurer à l’Europe du Gaz naturel liquéfié (GNL) à certaines conditions : “ J’ai demandé au Chancelier de nous accompagner pour le développement de ces ressources de gaz, pour la production de GNL à partir de l’Afrique vers l’Europe, et aussi pour le Gas-to-power » c’est-à-dire la production de gaz destinée à alimenter les centrales électriques locales”, a-t-il ajouté.
Nous savons en effet que le Sénégal place beaucoup d’espoirs en son Gaz et en son Pétrole qui font l’objet de beaucoup de convoitises au niveau international du fait justement de la crise qui secoue l’Ukraine.
En effet, au regard de la dépendance de certains pays européens au gaz produit dans d’autres pays et le désir d’assurer une certaine souveraineté énergétique, l’Afrique est perçue alors comme une forme de roue de secours pour certaines puissances. On parle même de stocks à conserver pour garantir l’avenir, en cas de conflit prolongé entre Est et Ouest dans une logique qui rappelle la guerre froide. Toutefois, le danger, pour le Sénégal notamment, est de brader tout son Gaz actuellement au profit de grandes puissances sans tenir compte des générations futures.
Déjà, le pays est lourdement endetté. Selon un rapport du Ministère de l’Economie de cette année, la dette est estimée à 10 000 milliards de dollars, ce qui la porte à 67% du PIB. Un taux très élevé. Or, cette dette est facilitée par la solvabilité du pays. Car, les grandes puissances savent notamment que le Sénégal pourra rembourser ses dettes du fait de ses nouvelles énergies comme le Gaz. Donc, on décaisse facilement. Du coup, certains spécialistes en économie parlent même du piège de la dette.
De la même façon, nous ne pouvons pas, parce que nous avons besoin actuellement de devises et de partenaires pour des infrastructures dont certaines sont de prestige, accepter de brader le Gaz à n’importe quel prix et à n’importe qui. Il y va de l’avenir des générations futures. Il est important en effet que le Sénégal pense aux générations futures, à conserver le maximum possible ses ressources et les utiliser avec prudence et parcimonie.
Cela ne veut pas dire qu’il ne faudrait pas les vendre, mais les générations actuelles n’ont pas le droit de tout hypothéquer avec des contrats de partenariat léonins et des dettes inexplicables pour des projets souvent douteux. Alors que l’on sait que l’argent est souvent utilisé au Sénégal à financer des institutions budgétivores et parfois inutiles et à payer des conseillers et autres courtisans du Président. Un mal africain.
Malheureusement, certains pays sont même prêts à en déstabiliser d’autres, juste pour accéder à ses ressources. C’est d’ailleurs ce qui explique largement l’instabilité dans beaucoup de pays africains. Ce qui doit inciter les Sénégalais à redoubler de vigilance quant au mode de gestion des ressources en gaz et pétrole. Il y va de l’avenir et de la stabilité du pays.
Georges E. Ndiaye