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Haïti est un pays en « état de terreur » et dans l'impasse politique, explique l'envoyée de l'ONU
Haïti est un pays en « état de terreur » et dans l'impasse politique, explique l'envoyée de l'ONU

Haïti est un pays en « état de terreur » et dans l’impasse politique, explique l’envoyée de l’ONU

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti, Helen La Lime, a fait part au Conseil de sécurité de la détérioration sécuritaire rapide du pays et de flambées de violence très inquiétantes dans la capitale Port-au-Prince. Quant aux discussions sur la formation d’un futur gouvernement, elles se trouvent dans « une impasse prolongée ».

Pour le seul mois de mai, la Police Nationale d’Haïti (PNH) a signalé 201 homicides volontaires et 198 enlèvements, soit une moyenne pour chacun de près de 7 cas par jour. « L’horrible violence qui s’est abattue sur les banlieues de Cité Soleil, Croix-des-Bouquets et Tabarre fin avril et début mai, au cours de laquelle les femmes et les filles ont été particulièrement exposées aux violences sexuelles, n’est qu’un exemple de l’état de terreur dans lequel est plongé le cœur politique et économique d’Haïti », s’est alarmée la Représentante spéciale. Dans l’agglomération de la capitale Port-au-Prince, l’emprise des gangs s’étend inexorablement. Les enlèvements et les homicides volontaires ont augmenté respectivement de 36 et 17% par rapport aux cinq derniers mois de 2021.

Des dizaines d’écoles, de centres médicaux, d’entreprises et de marchés ont dû fermer, a poursuivi Helen La Lime, qui dirige aussi le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). De nombreuses personnes sont piégées dans leurs quartiers ou même parfois dans leurs résidences. Au moins 17.000 autres personnes ont été déplacées de leur domicile, et beaucoup d’entre elles luttent pour trouver des produits de première nécessité (nourriture, eau et médicaments). La circulation le long des principales routes nationales reliant la capitale au reste du pays est sérieusement compromise car les gangs ont érigé des barricades pour restreindre l’accès aux zones qu’ils contrôlent, affectant gravement la circulation des marchandises.

Une « impunité manifeste » fragilisant l’Etat de droit

Face à un sentiment d’insécurité « omniprésent » et « croissant », Mme La Lime a pointé du doigt « l’incapacité apparente de la police à faire face à la situation » et « l’impunité manifeste avec laquelle les actes criminels sont commis », qui « fragilisent dangereusement l’État de droit dans le pays ». Elle a rapporté au Conseil de sécurité qu’il y a moins d’une semaine, le tribunal de première instance de Port-au-Prince a été envahi par un gang local, qui a pillé et brûlé des dossiers et des pièces à conviction, tandis que dans d’autres régions du pays, les actes d’autodéfense contre des membres présumés de gangs bénéficient d’un soutien populaire croissant.

Mme La Lime a réclamé une aide immédiate des Etats Membres de l’ONU pour développer la police nationale haïtienne afin qu’elle puisse lutter contre la criminalité et la violence croissantes. La police en Haïti « manque actuellement de ressources humaines, matérielles et financières pour remplir efficacement son mandat ».

Vide institutionnel

L’instabilité découle en grande partie du vide institutionnel prolongé. Le Parlement ne se réunit plus depuis deux ans et demi. L’assassinat du Président haïtien, il y a près d’un an, a placé le pays en état de choc. Le secteur de la justice est quasi totalement paralysé. À ce jour, les multiples initiatives et propositions pour aller de l’avant ont donné peu de résultats concrets, selon la Représentante spéciale. La BINUH se concentre sur la relance des contacts entre les parties, « par le biais d’une série de rassemblements informels », visant trouver une voie vers d’éventuelles futures élections. L’impasse dans laquelle se trouve l’enquête sur l’assassinat du défunt Président Moïse – pas moins de cinq juges en charge de l’enquête se sont succédés en moins de onze mois – illustre les problèmes profondément enracinés du système judiciaire haïtien : ressources financières et matérielles limitées, grèves fréquentes et détérioration de la sécurité.

Les besoins humanitaires continuent d’augmenter

L’insécurité prolongée et l’incertitude politique prolongée, combinées à une situation économique désastreuse et à des besoins humanitaires croissants, entravent gravement le développement socio-économique du pays, creusent les inégalités économiques et sapent les efforts de consolidation de la paix, a poursuivi la cheffe de la BINUH.    Avec un produit intérieur brut qui s’est contracté de 1,8% en 2021, les besoins humanitaires continuent d’augmenter, notamment à la suite du tremblement de terre qui a dévasté la péninsule du Sud en août dernier.


Cette année, quelque 4,9 millions d’Haïtiens devraient avoir besoin d’une aide humanitaire, dont au moins 4,5 millions de personnes qui devraient avoir besoin d’une aide alimentaire d’urgence.  « Il est essentiel qu’Haïti reste au premier plan des préoccupations de la communauté internationale », a martelé Mme La Lime, et que les autorités haïtiennes reçoivent une aide adéquate pour relever ces défis. « Néanmoins, seuls les Haïtiens détiennent la clé pour sortir de la crise prolongée de leur pays. Le BINUH continuera à encourager toutes les parties à s’engager de manière constructive et à se réunir pour tracer une voie commune vers un retour à la démocratie », a-t-elle assuré.

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