Femme de corps, de cœur mais aussi d’esprit, l’invitée de votre page people est une voix qui womanise son art. Par sororité, elle porte la voix femme que la voie qui doit être celle de la femme ne soit biaisée. Esprit prométhéen, elle est à l’initiative d’un monde où l’être se fera par le combat pour soi et les siens, pour ne pas dire les siennes. Voix reconnue du rap galsen, Lb se veut cette lumière qui balise pour ses maux ne soient ceux de ses frères et sœurs. Ses débuts, son parcours, son expérience, LB dit tout…
POURQUOI LE RAP ?
J’ai choisi le rap parce que c’est le genre musical qui m’a le plus attirée par l’engagement que j’y voyais. Plus jeune, mon entourage me reprochait d’être trop crue et de ne pas souvent mettre de gants, quand il s’agissait de dire les choses. Le rap me permet avant tout de parler de mes maux, de mes revendications, peurs et joies et me permet d’être dans plusieurs corps. J’aime la nuance derrière cette musique.
SISTER LB, VOTRE NOM D’ARTISTE, UNE SIGNIFICATION PARTICULIERE ?
Sister LB n’est autre que le diminutif de mon nom Selbe Diouf. Une façon pour moi de créer une philosophie et un concept qui me permet de me distinguer dans le game. LB signifie light of brain (la lumière du cerveau). Feu Ndiaga Mbaye, dans l’une de ses chansons, disait : «Un chanteur doit chanter pour éveiller», c’est ce que j’ambitionne. En jouant avec les mots, j’ai réussi à faire une formule différente de ce que les artistes faisaient auparavant, c’est-à-dire inverser leur nom d’artiste ou alors trouver des noms existant.
QUEL ROLE LES FEMMES COMME VOUS DANS LE MILIEU DU RAP PEUVENT-ELLES JOUER POUR UN CHANGEMENT DE MENTALITE ?
Je me suis très tôt demandé l’apport que pouvait avoir ma voix pour toutes les femmes qui vivent au Sénégal. Dès le début de ma carrière, j’étais entourée d’hommes et je me suis toujours battue de sorte à ce que ma voix puisse être entendue et que mes choix puissent être respectés. Et depuis, je considère que faire entendre ma voix est une nécessité. Déjà pour moi, mais également toutes les femmes qui subissent des violences, des stéréotypes et jugements et mon rôle, en tant que femme râpeuse chanteuse, est de tout faire pour que femmes comme filles puisse s’identifier à moi. Etre leur porte-étendard devient un instant de survie, alors réussir ce combat m’est un défi majeur. Je veux faire en sorte que tous ceux ou celles qui auront croisé ma voix puissent sentir que leurs voix sont amplifiées et que leur message est bien porté.
COMMENT SONT-ELLES PERÇUES CES FEMMES DANS LE MILIEU DU RAP, EST-CE FACILE DE S’Y FAIRE UNE PLACE ?
C’est déjà assez compliqué pour les hommes, alors pour les femmes, ça l’est doublement. Me concernant, seules ma mère et ma grand-mère me soutenaient, sinon j’en ai vu de toutes les couleurs. J’ai entendu toutes sortes de mots désobligeants, de jugements et stigmatisations de la part de certains membres de ma famille et de mon entourage, parce qu’on me voyait tout le temps avec les hommes etc. J’estime qu’il n’y a pas de place prédéfinie, il faut croire à ses potentiels et se battre pour marquer ses empreintes et imposer le respect de ses pairs artiste, savoir qu’il faut un minimum de répondant pour montrer son abnégation et son envie de faire taire tous ceux qui ont eu à te juger, voire te minimiser parce qu’être artiste c’est avant tout être apte à affronter tous les maux. Mon slogan, c’est le respect, on ne le demande pas, on l’impose.
DIFFICILES CONDITIONS DE VIE, ROLE DE LA FEMME DANS LA SOCIETE, INJUSTICE SOCIALE, AUTANT DE THEMES ABORDES DANS VOS SONS, EST-CE CE QUI A INSPIRE « MALA DIKK TEKKI» ?
Mes conditions de vie n’étaient pas faciles ! Voir ma mère se battre au quotidien pour notre bonheur m’a beaucoup motivée. Elle a donné le meilleur d’elle-même pour notre réussite, pour toutes les fois qu’elle a dû faire des nuits blanches, ou se sacrifier, je ne me vois obligée de lui rendre la pareille. C’est-à-dire lui donner une vie meilleure et à travers elle et mon envie de réussir, voir des jeunes avec une ambition débordante qui gagnent leurs vies dignement, m’a inspiré MAA LA DIG TEKKI pour parler de mes motivations. Il faut savoir se battre pour ses ambitions.
EST-CE AUSSI A DIRE QUE SISTER LB EST LA VOIX DES SANS VOIX, NOTAMMENT CELLE DES FEMMES ?
Je pense avoir joué mon rôle en tant que porteuse de voix naturellement. On ne peut pas parler de moi sans me donner statut de la voix des femmes et des filles, car tout ce qui touche à la femme me parle et m’intéresse, car me battre pour les femmes c’est me battre pour moi-même et je suis dans tous les combats pour le respect des droits de la femme et de son bien-être, car pour moi, la femme est la vie, elle mérite toute gloire et tout respect. Je rêve de voir un monde où toutes les femmes sont heureuses, loin des violences et des stigmatisations.
EN TANT QUE FEMME ENGAGEE, VOTRE AVIS SUR LA VIOLENCE CONTRE CES DERNIERES.
Je déplore toute violence subie par les femmes et je suis toujours prête à utiliser ma plume pour parler des problématiques de la femme et prier pour toutes celles qui ont subi de la violence. La violence n’est pas une issue, il faut que les femmes soient plus considérées et respectées.
« DO XOOL » VOTRE DERNIER SON EN DATE, UN MESSAGE DERRIERE ?
DO XOOL vient à son heure ! C’est un ego trip, il faut savoir que derrière tous mes sons, il y a toujours des leçons à tirer. Je pense qu’il ne faut surtout pas oublier ses origines afin de se souvenir de ceux qui nous ont épaulé et de ceux qui nous ont refusé leur aide. Regarder devant soi pour bien gérer toute l’expérience qu’on a acquise, montrer aux jeunes qu’il n’y a pas de deuxième chance, qu’il faut profiter de la vie. Rien n’est impossible dans la vie, il faut toujours croire en ses rêves pour pouvoir les réaliser au réveil. DO XOOL !
DES PROJETS ?
Il y a d’abord le EP ON MY WAY, annoncé par le premier single DO XOOL, porté par mon label, Light of Brain Entertainment que j’ai créé pour porter mes projets et aider les femmes. Après, l’étape suivante sera de faire des shows à Dakar et dans les régions. Viendra ensuite mon premier album, je veux m’ouvrir au monde par des tournées internationales pour faire connaître mon art et représenter mon Sénégal, faire des activités de partage d’expériences pour les jeunes filles. Je profite d’ailleurs de l’occasion pour inviter tout le monde à venir partager avec moi ces grands chantiers (dans la mesure du possible, précise-t-elle). Je suis ouverte pour des spectacles, des shows etc.