Législatives en France: Entretien avec la candidate et adjte au Maire de Nice Maty Diouf

Beaucoup de Sénégalais sont établis en France, mais peu s’intègrent comme Maty Diouf. Adjointe au maire à Nice depuis 15 ans, cette brave sénégalaise est actuellement candidate suppléante aux côtés d’Hervé Diaz pour les élections législatives partielles des Français de la circonscription, résidant au Maghreb et en Afrique de l’Ouest. Originaire de Thiès, Maty Diouf revient sur son parcours dans cette interview-portrait, où elle décline sa vision, y compris l’actualité politique de son pays natal.

 

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Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je née à Thiès au Sénégal et je me considère comme citoyenne du monde, de par mes différentes origines Cap Vert, Sénégal, France.

J’ai grandi au Sénégal avant de rejoindre la France,. Adolescente, j’ai pu vivre des années d’insouciance. Au début de ma vie d’adulte, avec ma mère, nous nous installons à Nice, ma ville de Cœur aujourd’hui. Je suis très vite confrontée à la précarité et je mène de front mes études et l’obligation d’aller travailler car les fins de mois sont difficiles. Ce fut un enseignement car c’est dans l’adversité que l’on se construit. Je porte en moi, comme beaucoup de Français de l’étranger et de Sénégalais, des valeurs d’échanges de partage qui m’ont permis de construire ma vie en mettant au centre de mes préoccupations les autres. Je peux dire je conditionne chacun de mes actes par le souci d’être juste. Confrontée à l’injustice des femmes en grande précarité ou victimes de violence, je décide en 2003 de créer une association « La Passerelle » qui leur viendra en aide. Le bénévolat m’a permis de réaliser des projets en faveur des Femmes et de lutter contre toutes formes de discriminations, j’ai étendu l’action de l’association en Afrique avec de beaux résultats comme la création de coopératives de femmes autour de l’agriculture, à FANDENE au Sénégal.

Plus tard, j’ai pu effectuer bon nombre de « petits jobs » qui m’ont permis de travailler à des postes différents (serveuses, secrétaire, agent d’accueil…) d’observer que toute réussite tient dans la belle phrase de CAMUS : « En vérité le chemin importe peu, la volonté suffit à tout » …

M’étant forgée à toujours soutenir les autres, cette marque Républicaine ancrée en moi s’est retrouvée tant dans ma vie professionnelle que personnelle ou extra-professionnelle.

J’ai souhaité aller plus loin et tout naturellement, je me suis engagée en politique car je souhaitais et souhaite toujours pouvoir comme l’histoire du petit petit colibri : « faire ma petite part » pour changer le monde. C’est donc en 2008 que j’ai été élue sur la liste de Christian ESTROSI que je remercie de m’avoir fait confiance pour que mes combats partagés avec plusieurs Niçois puissent être portés plus haut, plus fort.

Pour ce faire et me donner les moyens de mes actions, j’ai repris le chemin de l’université où je suivais en parallèle de mon mandat, des études qui m’ont permis d’obtenir une Licence Evènementiel et Communication.

Alors pourquoi avez-vous souhaité candidater comme suppléante aux élections législatives ?

J’ai souhaité me présenter au côté de Hervé DIAZ car je ressens à travers mes contacts avec les Français de l’étranger la réalité qu’ils vivent. Cette réalité est celle qui forge mes engagements actuels. Ne jamais laisser quelqu’un au bord du chemin. Je veux aller plus loin dans mes actes, porter la parole de ces Français à l’Assemblée Nationale mais pas que… Les informer, les accompagner dans leurs projets avec les mesures européennes, françaises en leur faveur, assurer une veille tant sur le plan de la sécurité, de l’entrepreneuriat, de leurs droits à leur égard est le minimum qu’un député doit avoir comme obligation.

Aujourd’hui, la majorité relative du gouvernement permet à des candidats sans étiquette comme Hervé DIAZ et moi-même d’être entendus, de pouvoir affirmer les volontés de ces Français de l’étranger… Leurs voix, à travers la nôtre sera entendu, je peux l’assurer ici !

Expliquez-nous comment se passe le vote et qui sont les concernés ?

Nos compatriotes pourront aller voter directement dans un bureau de vote ouvert dans l’ambassade ou le poste consulaire situé dans la circonscription consulaire où ils ont leur résidence sous réserve de leur inscription préalable sur la liste électorale consulaire correspondante. Ils pourront également voter par internet à condition de respecter les 3 conditions suivantes :
Vivre à l’étranger, être inscrit sur une liste électorale consulaire, avoir indiqué une adresse électronique (mail) et un numéro de téléphone.

Ces données sont nécessaires pour qu’il leur soit communiqué un identifiant et un mot de passe.

Les votes se déroulent sur place au premier tour le dimanche 2 avril et le deuxième tour le dimanche 16 avril. En ligne, les votes se déroulent plus tôt du 24 au 29 mars pour le premier tour et du 7 au 12 mars pour le 2e.

Alors vous êtes aussi adjointe au maire à Nice, depuis 15 ans, comment êtes-vous parvenue à vous imposer et à durer aussi longtemps à ce stade ?

Je commencerai par dire un dicton Africain : « Seul on va vite, Ensemble on va plus loin »…

En effet, cela fait 15 ans que je suis engagée politiquement au côté de Christian ESTROSI à Nice… Lutte contre les discriminations, droits des femmes, solidarité internationale, coopérations, actions humanitaires et vivre ensemble sont d’autant de compétences qui m’ont été confiées par le maire de Nice. Il ne faut pas s’inscrire dans une obsession de « durer » mais de « faire » et particulièrement « faire ensemble »… La durée en découlera d’elle-même…

Les combats menés sont quotidiens, ils appellent l’engagement intense des citoyens à travers les politiques que je défends en leur nom.
Plus le temps avance, plus les difficultés augmentent, plus le temps avance, plus j’ai la chance d’avoir plus de soutien car j’ai toujours été à l’écoute de celles et ceux qui nous ont élus et à travers mon mandat, c’est leur volonté qui s’exprime !
Faire est lié à la Loyauté et à la parole donnée, ce sont trois piliers sur quoi j’appuie mon engagement !

Vos liens avec le Sénégal ?

Mes liens sont forts avec mon pays natal. J’y ai ma famille, mes amis. Je porte en moi les couleurs de sa nature, l’odeur de la terre, les sons de notre culture, de notre histoire, le respect de nos aïeux, de nos ainés et la volonté farouche de projeter notre jeunesse vers un monde meilleur. J’aime l’Afrique, ce continent où mes racines se sont élevées depuis le Sénégal vers l’Europe, la France… Être Sénégalaise, c’est être aussi ce diapason qui recherche constamment l’harmonie des espaces où je vis en n’oubliant jamais que le « La » de mes origines s’accorde avec le monde pour le rendre meilleur.

Avez-vous des projets au Sénégal ?

Autant que les battements d’ailes du Colibri (rire)…

L’entrepreneuriat est l’un de mes combats, car c’est l’un des poumons qui vitalise une société, qui permet les émancipations, qui fait reculer la pauvreté et qui permet à tout le monde de se réaliser, d’aider ou de partager des moments de vie qui pérennisent la démocratie et le vivre ensemble. Je souhaite que les entreprises puissent plus œuvrer ensemble, y trouver leur compte non pas au détriment des Sénégalais mais en apportant des plus-values aux citoyens. En vivifiant ces réseaux d’entreprises, avec un appui fort à l’entreprenariat des femmes et leur autonomisation.

Vous suivez sans doute l’actualité nationale, les tensions politiques, votre regard sur la situation ?

Nous vivons une époque anxiogène où les valeurs humanistes sont mises à mal partout. Que ce soit en France, en Ukraine ou ailleurs, le genre humain est face à des questions essentielles : La démocratie ou le néant ? Le totalitarisme ou le pouvoir par le peuple ? Pour ma part, mon choix est la démocratie faite par le peuple… Les situations que nous vivons actuellement sont un peu comme des répliques de tremblements de terre de l’histoire sombre issue de la 2nde guerre mondiale… Elles veulent secouer nos existences, briser des vies, annihiler des démocraties. Actuellement ces répliques se font de plus en plus fortes. La violence des guerres, l’économie mondiale précarisée pourraient nous amener à penser que le monde sombre.

Pourtant, fille du Sénégal et de la France, je sais ce qu’est la RESISTANCE et c’est en elle que j’emploie mes actes. Celle-ci est une valeur essentielle à la liberté des peuples. Chaque individu en est porteur et c’est par elle, que l’humanité recouvrira la PAIX… C’est l’espoir que je formule, c’est le combat que je mène avant tant d’autres ici en France, au Sénégal et partout dans le monde.

Votre mot de la fin ?

Vous l’aurez compris, une vie ne peut être remplie que si celle-ci est partagée. Tout au long des chemins de mon existence, j’ai comme tout un chacun vécu des périodes dures, d’autres plus heureuses, j’ai pu voir triomphe après défaite et sans dire mots, me remettre à rebâtir… (Kipling).

Et sans cesse me souvenir et garder à l’esprit comme l’écrivait Léopold Sédar Senghor – « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants. »

Ceci nous oblige, ceci m’oblige à ce que chacun de mes engagements soient placés sous l’aile de la providence et de la bienfaisance.

Avec Senego

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