La Coordination des associations de presse (Cap) va tenir aujourd’hui une mobilisation citoyenne pour exiger la libération de Pape Alé Niang. Les professionnels des médias, qui dénoncent la remise en cause de la liberté d’expression, vont maintenir la pression avec une veillée nocturne le vendredi 6 janvier à la Maison de la presse. Le lendemain, ils vont se retrouver devant l’hôpital Principal pour exiger que Pape Alé Niang retrouve enfin les siens.
La demande de liberté provisoire pour Pape Alé Niang déposée par ses avocats a été rejetée. Ce, malgré l’état de santé jugé inquiétant du journaliste. La Coordination des associations de presse, qui se bat depuis le début de cette affaire contre cette tentative de museler la presse, va tenir aujourd’hui, à partir de 10h 30 à la Maison de la presse, une mobilisation citoyenne pour demander la libération sans délai de Pape Alé Niang.
A ce rassemblement dénommé «Conseil des médias», la Cap invite les journalistes, techniciens et acteurs des médias, les représentants et parties prenantes de la Société civile. Dans la même dynamique, «une veillée nocturne est prévue au même endroit le vendredi 6 janvier et le lendemain», les professionnels des médias ont décidé de se «retrouver devant l’hôpital Principal pour exiger que Pape Alé Niang retrouve enfin les siens». Les responsables de la Cap soulignent que «face à la volonté des adversaires de notre confrère de le casser, aucune forme de lutte» ne sera exclue. «Nous leur opposerons une détermination sans faille avec toutes les forces vives de ce pays, éprises du combat pour la liberté d’expression et de presse, fortement remise en cause en ce moment. Nous ne lâcherons rien tant que Pape Alé Niang reste en prison et nous tenons le Président Macky Sall et son procureur, Amady Diouf, directement pour responsables s’il meurt dans les liens de la détention», ont-ils averti.
Me Ciré Cledor Ly, qui fait partie du pool d’avocats du journaliste, soutient que «l’état de santé de Pape Alé Niang devrait préoccuper toute personne soucieuse de vivre dans un Etat de Droit et de respect des droits fondamentaux qui sont les piliers de toutes les sociétés démocratiques». Evoquant le refus du journaliste d’investigation de s’alimenter et son rejet d’assistance médicale, il déclare que c’est «une forme de combat souverainement décidée, pour protester contre une détention devenue désormais abusive et excessive».
Et la robe noire d’ajouter : «Pour autant, aucun acte n’est posé par le juge depuis son audition au fond, hormis la révocation de sa liberté qui était restreinte et conditionnée. Son droit d’être en liberté et celui de comparaître dans les meilleurs délais devant une juridiction de jugement s’il y a lieu, ainsi que la présomption d’innocence dont il bénéficie, surtout qu’il conteste le bien-fondé en faits et en droit des préventions retenues à son encontre, ne sont pas respectés.» Me Ly, qui accuse le Parquet d’avoir traîné «ses réquisitions sur la demande de mise en liberté déposée sur sa table depuis plusieurs jours», est convaincu qu’il «est à parier que la même démarche nonchalante pourrait affecter la clôture de l’instruction». Et de dénoncer : «Il y a des situations qui ne grandissent pas une Nation et qui créent des précédents très fâcheux.» Selon lui, «la responsabilité de toute personne pouvant mettre fin à cette détention, qui s’éternise et est somme toute contraire à l’éthique de droit, est engagée».
Le patron du site d’informations Dakar Matin, Pape Alé Niang, avait été renvoyé en prison le 20 décembre après avoir été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire le 14 décembre. Le Parquet avait annoncé dans un communiqué, la révocation de ce contrôle judiciaire, estimant que le journaliste avait violé par ses sorties médiatiques l’obligation de ne pas communiquer sur les faits qui font l’objet de cette poursuite.