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Mauritanie : Un scrutin test à un an de la présidentielle

Les Mauritaniens se rendent aux urnes samedi pour des élections législatives et locales qui constituent un test pour le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani à un an de la présidentielle.

Vingt-cinq formations se disputent le vote de quelque 1,8 million d’électeurs dans ce premier scrutin depuis que M. Ghazouani a pris en 2019 la tête de ce vaste pays aride d’Afrique de l’Ouest reconnu comme l’un des rares pôles de stabilité au Sahel, région troublée par les attaques djihadistes. Les Mauritaniens doivent élire 176 députés, 15 conseils régionaux et 238 conseils municipaux. Un second tour est prévu le 27 mai pour la moitié des 176 sièges de l’Assemblée. Les résultats officiels des élections pourraient être communiqués dans les 48 heures suivant le scrutin.

Le parti de la majorité présidentielle, El Insaf, part largement favori puisqu’il est le seul à présenter des candidats dans toutes les circonscriptions, notamment en zone rurale. « El Insaf va sécuriser une majorité dans toutes les élections et le président Ghazouani va renforcer ses chances d’être réélu en 2024 », estime Adam Hilelly, analyste au sein de 14 North Strategies, entreprise américaine de conseils spécialisée sur l’Afrique.

Second mandat

M. Ghazouani, 66 ans, général considéré comme l’un des grands artisans de la réussite mauritanienne face au djihadisme depuis 2011 dans ses anciennes fonctions de chef de l’armée, s’est gardé de s’exprimer sur l’éventualité de briguer un second mandat. Mais sa candidature est considérée comme une évidence en Mauritanie.

Les principaux challengers d’El Insaf sont le mouvement islamiste Tewassoul, premier parti d’opposition dans l’Assemblée sortante, et le Sawab, d’obédience nationaliste arabe, qui profite d’une alliance avec le militant anti-esclavagiste Biram Dah Abeid, deuxième de la dernière présidentielle, dont la formation n’est pas autorisée. Les autres partis sont absents d’une grande partie des circonscriptions et ne peuvent constituer une menace pour le parti au pouvoir qui disposait d’une majorité confortable dans la précédente Assemblée.

Les présidents mauritaniens ont toujours compté sur une forte majorité à l’Assemblée depuis l’instauration du multipartisme en 1991. La campagne bat son plein depuis le 27 avril à Nouakchott où les principales formations ont dressé de grandes tentes qui prennent vie le soir, avec des discours de militants, des concerts et des danses traditionnelles.

« C’est le parti du président, sa politique sociale et son projet économique pour la Mauritanie qui constituent une source de fierté pour nous et nous le soutenons en conséquence », confie à l’AFP Mohamed Ould Chennan, 60 ans, économiste. Autre ambiance dans le quartier populaire de Dar Nain qui croit aux chances de l’opposition. « Je soutiens Biram le champion de la lutte pour l’émancipation des noirs. Son discours, son dynamisme, son engagement me conviennent », explique Amadou Mamadou, 35 ans, enseignant.

Biram Dah Abeid est un opposant historique qui milite pour les descendants d’esclaves, communauté à laquelle il appartient dans un pays à la population hétérogène se partageant entre Maures arabo-berbères, descendants d’esclaves, et groupes d’origine subsaharienne. Dans le sud de Nouakchott, fief des islamistes de Tawassoul, c’est le rêve de victoire et d’application stricte de la loi islamique qui domine. « Elle créera la richesse et redonnera espoir au pays », estime Brahim Ould Saleck, 28 ans, commerçant.

La campagne s’est déroulée dans un climat apaisé. Un dialogue entre l’opposition et le pouvoir en début d’année a permis d’aboutir à un consensus sur l’organisation des scrutins.


Après un ralentissement économique dû à la pandémie de Covid-19 puis la guerre en Ukraine, M. Ghazouani s’est fixé la lutte contre la pauvreté comme l’une de ses priorités. Il a mené un programme social ambitieux comprenant des distributions de nourriture et d’argent aux plus démunis. Si les perspectives économiques sont bonnes, le pays est touché par une inflation estimée à 9,5% en 2022 par la Banque mondiale. La hausse du coût de la vie est l’une des préoccupations principales des électeurs.

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