L’idée émise par le leader de Pastef et membre de la coalition Yewwi Askan-wi de créer une monnaie locale à Ziguinchor a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Et pour cause !
La monnaie est un instrument de souveraineté. Et pour une région qui sort à peine d’une guerre indépendantiste de plus de 30 ans, ces propos sonnent comme une opération de charme à l’endroit de tous ceux qui nourrissent ces velléités. Et dès lors, ils nous paraissent désobligeants. En effet, la cohésion nationale, l’indivisibilité du territoire national, son intégrité et l’exercice du pouvoir de l’Etat sur toute l’étendue du pays sont des éléments sacrés, intangibles. C’est pourquoi, la décentralisation n’a nullement pour but de créer des espaces indépendants et autonomes, mais des parcelles du territoire national où des compétences sont transférées à des élus locaux pour l’exercer, toujours au nom des populations mais aussi de l’Etat central qui apporte des fonds de concours en plus de ceux de dotation.
Ainsi, les textes qui organisent les collectivités territoriales ne donnent pas aux Maires des pouvoirs autres qui leur permettent par exemple des mesures qui empiètent sur les prérogatives du pouvoir central ou qui sapent l’unité nationale. C’est pourquoi tous les candidats aux collectivités territoriales doivent veiller à créer les conditions d’une campagne responsable en évitant, comme le stipule la Constitution, tout régionalisme, tout ethnocentrisme ou toute divergence basée sur le sexe, la race, etc. Car, la tentation est grande pour tous de chercher, par tous les moyens, de séduire l’électorat local. C’est pourquoi, les programmes et discours doivent être revus dans le sens de consolider les acquis et d’éviter les particularismes déconsolidant.
S’agissait de Ousmane Sonko, en tant que leader émergent, il a tout intérêt à convaincre l’ensemble des sénégalais et non pas seulement les populations de sa localité d’origine ne serait-ce que pour éviter ce qui est en train de se passer, c’est à dire que son discours ne serve de prétexte à ses adversaires pour le discréditer. La preuve, beaucoup de leaders du Sud y compris le Maire Abdoulaye Baldé qui ne l’attaquaient ne presque jamais, sont sortis de leur réserve pour s’en prendre à lui.
C’est à lui alors d’éviter de prêter le flanc en revoyant sa communication. C’est vrai que la campagne électorale qui va débuter sous peu autorise souvent beaucoup de passions, mais pas au point que des leaders se tirent des balles au pied en voulant aller trop loin sur les velléités régionalistes.