Un cessez-le-feu au Tigré pour des raisons humanitaires est plus que jamais nécessaire pour qu’une opération d’aide massive à travers les lignes de front soit couronnée de succès, a déclaré vendredi le responsable du Bureau des affaires humanitaires des Nations Unies.
S’exprimant à Genève, Martin Griffiths a souligné l’urgence de la situation pour toutes les personnes touchées dans la région du nord de l’Éthiopie, après huit mois de combats entre les forces gouvernementales et celles loyales au Front populaire de libération du Tigré (TPLF).
En début de semaine, le haut fonctionnaire de l’ONU a averti que 200 000 personnes avaient été déplacées par les combats dans la région voisine d’Amhara, ainsi que plus de 50 000 personnes à Afar.
Soulignant le défi logistique que représente la négociation de l’accès de l’aide au Tigré alors que les violences se poursuivent, le chef des secours d’urgence de l’ONU a déclaré qu’il n’avait « aucune raison de douter » du cessez-le-feu annoncé par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, qu’il a rencontré dans la capitale Addis-Abeba en début de semaine, avec d’autres hauts responsables du gouvernement.
Depuis que le conflit a éclaté en novembre dernier, les besoins humanitaires ont augmenté, dans un contexte de meurtres, de pillages et de destruction de centres de santé et d’infrastructures agricoles, y compris les systèmes d’irrigation qui sont essentiels à la réussite des récoltes. Quelque 400 000 personnes risquent la famine au Tigré, ont averti à plusieurs reprises les humanitaires de l’ONU ces dernières semaines.
Notant que quelque 178 camions d’aide auraient atteint Mekelle, la capitale régionale du Tigré, ces derniers jours, et que 40 autres attendent d’arriver, le fonctionnaire de l’ONU a souligné combien il a été difficile d’assurer un accès régulier à l’aide au milieu des retards aux postes de contrôle et des fouilles détaillées, ce dont il a fait l’expérience directe lors d’un vol de l’ONU vers Mekelle.
Malgré la complexité de la situation, M. Griffiths a maintenu que ses discussions avec le Premier ministre, Abiy Ahmed, le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères et le ministre de la Paix, entre autres, avaient été « très constructives » au cours de sa visite de six jours en Éthiopie.
Dans le même ordre d’idées, un expert indépendant des droits de l’homme nommé par l’ONU a averti vendredi que les réfugiés érythréens piégés dans le Tigré étaient pris pour cible par les deux parties au conflit. L’Éthiopie accueillait près de 100 000 réfugiés de l’Érythrée voisine avant que les combats n’éclatent au Tigré en novembre dernier, a déclaré Mohamed Abdelsalam Babiker, Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’Érythrée.