Un journaliste congolais soupçonné de détenir des informations sur le meurtre de deux experts de l’ONU en 2017 au Kasaï, dans le centre de la RDC, a été inculpé mercredi, a-t-on appris dans la soirée auprès du parquet militaire.
Sosthène Kambidi, interrogé depuis son interpellation à Kinshasa dans la nuit de lundi à mardi, « n’est plus auditionné comme témoin, mais comme inculpé« , a affirmé un haut magistrat du parquet militaire. « L’interrogatoire se poursuit« , a-t-il ajouté, refusant de préciser quel chef d’inculpation avait été retenu à l’encontre du journaliste.
En fin de journée, Sosthène Kambidi, correspondant de l’AFP et du média congolais en ligne Actualite.cd à Kananga, le chef-lieu du Kasaï-central, avait été autorisé à bénéficier de l’assistance d’un avocat. L’agence de presse a essayé de le joindre mercredi soir, mais il n’était pas joignable. Toutefois, à la mi-journée, deux journalistes, de l’AFP et d’Actualite.cd, avaient pu échanger avec Sosthène Kambidi pendant plus d’une heure, en présence d’un magistrat de haut rang.
Serein, le journaliste avait raconté avoir été interrogé sur la détention de la vidéo du meurtre de la Suédoise Zaida Catalan et de l’Américain Michael Sharp le 12 mars 2017.
La raison de son inculpation, le parquet cherche à savoir comment il était entré en possession de cette vidéo et qui la lui avait donnée. Le journaliste a affirmé avoir été interrogé par un magistrat militaire congolais et, en visio-conférence, par « des gens du mécanisme de l’ONU mis en place pour assister la justice militaire congolaise« .
Selon la version officielle des autorités de l’époque, Michael Sharp et Zaida Catalan ont été tués par des miliciens de la secte Kamuina Nsapu, alors en guerre contre l’armée régulière. Le conflit a fait 3.400 morts et des dizaines de milliers de déplacés entre septembre 2016 et mi-2017 dans la région du Kasaï. Même si une trentaine de personnes sont accusées d’avoir participé à ce meurtre, le procès, ouvert le 5 juin 2017, ne semble pas aboutir.