L’histoire prend ses racines en Allemagne, où le 8 mars 1914 un groupe de femmes dirigé par la journaliste et politicienne allemande Clara Zetkin réclament le droit de vote lors d’un grand rassemblement. Cette ‘’révolution’’ féministe fera des émules dans le monde entier si bien que les Nations Unies décident en 1977 de déclarer le 8 mars, journée internationale de la Femme. Ainsi, depuis plus de 100 ans, chaque année la journée du 8 mars est un moment privilégié pour rendre les honneurs aux vaillantes femmes surtout en mettant en lumière des symboles du leadership féminin.
Au Sénégal, de braves ‘’Linguères’’ (titre donné autrefois à la mère ou à la sœur du souverain) font bouger les lignes du cloisonnement basé sur le genre dans tous les secteurs d’activité. Sacrifiant au rituel, Seneweb dresse la short-list des femmes qui crèvent le plafond de verre au Sénégal.
5-Anna Ba Dia (PDG Sipres), L’architecte du silence
« Travaille dur, en silence et laisse ton succès faire du bruit » ! Anna Ba Dia a certainement fait sienne cette célèbre citation qui véhicule la clé de la réussite. La Présidente Directrice Générale (PDG) de la Société immobilière de la presqu’île (Sipres) est longtemps restée de marbre, loin du succès éclatant de son entreprise devenue leader de la promotion immobilière au Sénégal grâce à sa vision. Préférant ne point surfer sur l’aura de ce fleuron de l’immobilier, aujourd’hui peu de sénégalais connaissent cette architecte amoureuse de la simplicité et de la discrétion qui a modelé de ses mains expertes la Sipres. Comme dit l’adage : « l’humilité précède toujours la gloire ».
Pourtant la vie ne lui a pas fait de cadeaux. Aînée d’une fratrie de 6 filles et 2 garçons, Anna a dû batailler ferme pour s’en sortir. Elle a entamé, après son Bac, des études d’architecture au Sénégal puis en France. Après un long séjour dans l’hexagone où elle s’est mariée, Anna décide de revenir au bercail pour démarrer une nouvelle vie professionnelle dans un cabinet d’architecture. Malgré des débuts difficiles, sa certitude d’être un enfant privilégié du ciel est toujours restée vivace. Ainsi, en 1989, elle lance sa propre entreprise. « J’ai eu une opportunité financière et j’ai créé la Sipres. C’était en 1989 », renseigne-t-elle.
34 ans après, avec un tableau de chasse assez reluisant dans le monde du BTP, Anna Ba Dia -classée parmi les 50 femmes les plus influentes d’Afrique (Jeune Afrique)- peut maintenant s’enorgueillir. En effet, la Sipres a pu réaliser plusieurs cités comme : Sipres Vdn, Sipres Al Azar de Zac Mbao, Sipres Mbao, cité Mourtada Vdn, Sipres Cap des biches… Comme quoi, à l’instar des forêts qui poussent, les projets qui sortent de terre aussi ne font pas de bruit.
4-Sokhna Aïda Diallo : Veuve de Cheikh Bethio Thioune
Au-delà des rangs des thiantacounes, l’ascension de Sokhna Aïda Diallo, autoproclamée ‘’Khalife’’ des disciples de Béthio au nez et à la barbe du fils aîné de ce dernier Serigne Saliou Thioune, a eu l’effet d’une secousse sismique à Touba en 2019. Serigne Mountakha Mbacké (Khalif général des mourides) qui avait convoqué l’audacieuse et coquette jeune dame dans le but de jouer les bons offices, a fini par sortir de ses gonds face à la ferme volonté de la préférée de Béthio d’exercer le poste de « Guide des thiantas » quitte à bousculer les codes de la religion. Ceci, dit-elle, pour respecter les dernières volontés du Cheikh qui déclarait quelques mois avant son décès : « nous ne faisons qu’un maintenant, ici-bas et dans l’au-delà. Quiconque rend visite à Aïda Diallo aura la bénédiction du Seigneur ».
Déclarée « Persona non grata » à Ngabou (dans la périphérie de Touba) où elle avait l’habitude de célébrer le Magal, l’ancienne vendeuse de jus, devenue la première femme guide religieux au Sénégal, Aïda Diallo (41 ans, née le 21 décembre 1981) règne en maîtresse incontestée à Médinatoul Salam (Mbour), la citadelle des Thiantas. Ses disciples ne font pas dans la dentelle pour offrir de petites ‘’gâteries’’ à leur nouveau guide : des ‘’Adiyas’’ (cadeaux) à coups de centaines de millions de francs CFA, voitures de luxe, villa aux Almadies, entre autres.
3- Diouma Dieng Diakhaté, l’habilleuse des premières dames africaines
Quand on fait de sa passion un métier, le labeur des tâches ne se ressent pas. Diouma Dieng Diakhaté l’a pleinement expérimenté et en récolte les fruits. Elle fait ses premières armes dans le monde du secrétariat à l’ambassade du Congo au Sénégal avant de devenir hôtesse de l’air. Par la suite, elle est rattrapée par son art : la couture. Diouma Dieng fonde l’atelier Shalimar dont la notoriété va au-delà des frontières sénégalaises. Les créations de la styliste remportent un franc succès sur le continent notamment auprès de la jet-set africaine. Elle se fait un nom et un surnom : l’habilleuse des premières dames africaines.
Une appellation née de sa proximité avec les épouses des chefs d’Etat qui s’arrachent ses produits. Sa réputation est telle que Koffi Olomidé lui a dédié une chanson en collaboration Youssou Ndour « Festival ». Dans ce morceau, l’artiste congolais a littéralement déclaré sa flamme à la Sénégalaise : « Vraiment tu es partie, tu m’as laissé dans la souffrance. Je tremble, tremble, tremble de toi. Ton départ est vraiment terrible pour moi ».
En février 2012, Diouma Dieng range ses ciseaux pour se lancer dans la politique. Contre toute attente, la styliste se présente à la présidentielle organisée la même année comme la candidate des chômeurs. A l’issue du premier tour, son score ne dépassera pas 1% et pour le second tour, elle apporte son soutien à Macky Sall. Un ralliement que le vainqueur du scrutin récompensera d’une fort belle manière en nommant Diouma Dieng Diakhaté ambassadeur itinérant.
2- Aminata Touré : De bras armé à tête pensante
C’est l’histoire d’une communiste qui s’est épanouie dans le libéralisme. Aminata fait le grand saut dans le monde de la politique dans le Mouvement pour le socialisme et l’unité (MSU) dès l’âge de 14 ans. Sa première grande expérience intervient lors de la présidentielle de 1993. Elle est la directrice de campagne de Landing Savané et devient de facto la première sénégalaise à occuper ce poste.
Mise au placard pendant plusieurs mois, Mimi Touré occupe successivement de 2015 à 2019 les postes d’envoyée spéciale et présidente du Conseil économique social et environnemental (CESE). Un an après sa prise de fonction, elle sera à nouveau éjectée de ce fauteuil et prend ses distances avec le régime en place. L’ancienne Première ministre va faire son retour dans l’arène politique lors des élections législatives en tant que tête de liste de la coalition Benno Bokk Yaakaar et pousser la formation politique à obtenir 82 voix sur 165 à la législature. Par ailleurs, elle convoite le poste de président de l’assemblée nationale. Mais le président de la République lui préfère le profil de Amadou Mame Diop.
La goutte d’eau de trop pour Mimi Touré qui quitte pour de bon le navire Benno et décide de faire cavalier seul. C’est dans cette logique qu’elle a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2024.
1-Maimouna Ndour Faye : la success story d’une femme de presse
D’une manière générale, la presse est perçue comme un univers d’homme. Certes les femmes occupent massivement les rédactions mais leurs rôles sont très souvent secondaires. C’est cette tendance que Maimouna Ndour Faye a inversée. Détentrice d’une licence d’anglais, elle opte pour une formation en journalisme et communication pour son master au CESTI. A partir de là, elle fait sa première immersion dans le monde de la presse au sein du groupe Walf quotidien en tant que stagiaire. Elle intègre, par la suite, Walf FM pour travailler sa diction et sa voix.
Maimouna Ndour Faye passe 8 mois au sein du groupe de Sidy Lamine Niass puis rejoint Canal Infos News. Elle va gravir les échelons dans ce média puisqu’elle passe de coordonnatrice à rédactrice en chef en 5 ans.
Motivée par le désir d’entreprendre, elle fonde l’agence 3M Universel spécialisée dans la production de contenus. C’est dans ce cadre qu’elle noue un partenariat avec la 2stv pour l’animation d’une émission et la présentation du journal de 20h. Son engagement au sein de la rédaction va être sans demi-mesure si bien que d’aucuns penseront qu’elle est employée par le média, que nenni. Elle quitte la 2stv en 2015 et crée le site AZ Actu et trois ans plus tard, elle lance la télévision 7tv. Ce médium accentue sa notoriété dans l’univers médiatique sénégalais surtout avec son émission « L’invité de MNF ». Aussi, elle est devenue l’une des rares femmes sénégalaises propriétaire d’un organe de presse.