La libération cette semaine de trois prisonniers arrêtés entre 2001 et 2003 relance la question de la fermeture de la prison de Guantanamo où 40 personnes sont encore détenues. La Maison Blanche y est favorable mais les obstacles demeurent pour en finir avec ce symbole des dérives de la lutte contre le terrorisme.
Il est le doyen des prisonniers de Guantanamo. Une commission de la Maison Blanche, a approuvé lundi 17 mai, la libération de Saifulllah Paracha, 73 ans, souffrant de graves problèmes cardiaques, ainsi que celle de deux autres détenus.
Soupçonné par les autorités américaines d’avoir participé au financement d’Al-Qaïda et d’avoir soutenu deux membres de l’organisation d’Oussama Ben Laden, ce businessman pakistanais a toujours affirmé qu’il ignorait avoir affaire à des terroristes. Piégé par le FBI lors d’un voyage à Bangkok en 2003, il est arrêté puis torturé dans une prison secrète. Transféré à Guantanamo, il n’a jamais été inculpé, comme la plupart de ses co-détenus.
Alors que les États-Unis préparent leur retrait d’Afghanistan pour le 20e anniversaire des attentats du 11-Septembre, Guantanamo, n’abrite aujourd’hui plus que 40 prisonniers.
Au point mort sous le mandat de Donald Trump, le débat autour de la fermeture de Guantanamo semble relancé aux États-Unis depuis l’élection de Joe Biden.
En avril, 24 sénateurs, essentiellement démocrates, ont adressé une lettre au président dans laquelle ils décrivent Guantanamo comme “un symbole d’injustice et de violations des droits de l’homme” et appellent à sa fermeture le plus rapidement possible.
La Maison Blanche a indiqué à plusieurs reprises être favorable à cette fermeture. Mais pour le moment, le nouveau président des États-Unis n’a pas fourni de détails pour réussir là où Barack Obama a échoué.
Joe Biden était vice-président quand Obama a ordonné la fermeture de Guantanamo, en janvier 2009. L’ancien locataire de la Maison Blanche voulait alors faire juger les prisonniers par des tribunaux civils. Mais la décision, très impopulaire, a été bloquée au Congrès par les Républicains.
Si Barack Obama n’est pas parvenu à faire fermer Guantanamo, il a considérablement réduit le nombre de personnes incarcérées puisqu’au moment de sa prise de fonction, 242 personnes y étaient emprisonnées. Pendant ses deux mandats, des dizaines de détenus ont ainsi été transférés vers des pays tiers après validation de la Commission de révision (PRB) de la présidence.
Ces libérations ont été interrompues sous la présidence de Donald Trump au cours de laquelle un seul prisonnier saoudien a été transféré vers son pays d’origine, en mai 2018.
Autre difficulté, depuis 2010, les États-Unis ont arrêté de renvoyer des prisonniers vers le Yémen alors qu’une grande partie des prisonniers de Guantanamo en sont originaires. Les autorités américaines craignent que le gouvernement ne soit incapable de surveiller ces hommes et de les empêcher de rejoindre les rangs de la branche locale d’Al-Qaïda.
Enfin, reste à régler le sort des 12 prisonniers encore dans le système judiciaire militaire. Six d’entre eux, dont Khalid Sheikh Mohammed, encourent la peine de mort. Mais leurs dossiers complexes avancent très lentement. Ils attendent toujours d’être jugés par une commission militaire, qui n’a émis que deux condamnations en deux décennies.
Au total, 779 hommes sont passés par Guantanamo depuis 2002, originaires de 19 pays, dont plus de la moitié du Yémen, mais aussi d’Afghanistan, d’Arabie saoudite, d’Égypte, du Pakistan, de Chine et de Russie.
Le camp de Guantánamo est un centre de détention militaire de haute sécurité situé sur la base navale américaine de Guantánamo, dans le sud-est de Cuba. Y sont détenues des personnes qualifiées de « combattant illégal », capturées par l’armée américaine dans les différentes opérations qu’elle mène à l’étranger (Afghanistan, Irak, etc.) contre des militants et terroristes islamistes.