Un audit interne d’Air Sénégal a été  commandité par le directeur général Tidiane Ndiaye, a mis en évidence de graves irrégularités dans la gestion et la vente des billets d’avion, portant sur un montant estimé à plus de 50 millions de F CFA. Selon les informations obtenues par L’Observateur, dix-huit (18) employés ont été épinglés par le rapport des auditeurs, et cinq (5) d’entre eux ont refusé de rembourser les montants réclamés par la compagnie nationale.

Face à cette situation, la Direction générale d’Air Sénégal est passée à l’acte en prononçant des licenciements pour faute grave à l’encontre des agents incriminés. D’après les sources de L’Observateur, trois parmi les cinq employés concernés ont reçu, hier, leur lettre de licenciement. Il s’agit de T.F.G., C.V.F. et P.B.S.

Dans la correspondance adressée aux employés concernés, la Direction générale d’Air Sénégal précise que « ce type d’agissements malveillants, contraires à l’éthique et à la bonne gestion, constitue un manque de professionnalisme et de conscience professionnelle inacceptables pour un collaborateur. Fort de tout ce qui précède, il n’est plus possible de poursuivre nos relations contractuelles. Par conséquent, nous vous notifions, par la présente, votre licenciement pour faute grave qui prend effet dès réception du courrier ».

Toujours selon L’Observateur, les deux autres agents impliqués, qui sont des délégués du personnel, ont écopé d’une mise à pied de dix (10) jours, dans l’attente de la réponse de l’Inspection du travail, saisie par la Direction générale pour statuer sur la procédure de licenciement engagée à leur encontre.

Dans un souci de clarification, le Collège des délégués du personnel d’Air Sénégal adressé une note explicative à L’Observateur afin d’apporter des précisions sur les griefs retenus contre les agents mis en cause dans l’audit portant sur l’émission des billets et la gestion des taxes.

Dans cette note, les représentants syndicaux expliquent que « l’absence de pénalités ou d’ajustements tarifaires n’était pas paramétrée dans le logiciel de vente ». Une faille, précisent-ils, qui relève de la responsabilité de l’administration de la compagnie.

Toujours d’après le document consulté par L’Observateur, les délégués ajoutent qu’« il arrive fréquemment qu’un passager souhaite modifier son billet. En pareille occurrence, l’agent interroge le logiciel, qui lui affiche la différence tarifaire à facturer au passager. Sauf qu’à plusieurs reprises, le montant affiché diffère de celui qui aurait dû apparaître selon la politique commerciale de la compagnie ».

Les délégués soulignent également que ces anomalies ont été signalées par écrit à plusieurs reprises à la Direction, sans qu’aucune mesure corrective n’ait été prise. Ils indiquent par ailleurs que le logiciel utilisé pour la facturation des excédents de kilos et des bagages supplémentaires présente une anomalie de codage : le même code informatique est employé pour facturer les excédents de poids et les bagages supplémentaires.

Selon leurs explications rapportées par L’Observateur, cette configuration entraîne la génération automatique du tarif d’un bagage supplémentaire, alors qu’il s’agit parfois simplement de quelques kilos en excédent, ce qui fausse le calcul et gonfle artificiellement les montants facturés. Là encore, précisent-ils, « cette situation a été remontée par écrit à plusieurs reprises à la Direction, qui n’a pris aucune mesure corrective ».

Ainsi, à la lumière des informations recueillies par L’Observateur, cette affaire de fraude interne met en évidence des dysfonctionnements structurels dans le système de vente d’Air Sénégal, entre erreurs techniques, négligences managériales et fautes professionnelles avérées.

Une situation que la Direction générale semble désormais décidée à assainir, à travers des sanctions exemplaires et un renforcement des procédures de contrôle interne, afin de restaurer la confiance et la rigueur au sein de la compagnie nationale.