Le Sénégal traverse, actuellement, une crise politique qui a entraîné la mort de nombreuses personnes. 23 selon Amnesty International. Cette tragédie s’ajoute à celle de mars 2021. À ce moment-là, animés par notre inquiétude concernant la trajectoire de notre pays surtout aprés la condamnation d’Ousmane Sonko , nous avons lancé un appel à la République. Nous avions affirmé que ces événements ne pouvaient pas et ne devaient pas être oubliés. Hélas, des vies humaines ont été perdues à nouveau.
La justice doit enquêter sur ces décès et sanctionner tous ceux qui ont froidement ôté la vie à des citoyens Sénégalais. Des enfants et des jeunes ont été utilisés comme boucliers. Un activiste a été torturé de manière barbare. D’autres exactions ont été commises. Ce n’est pas de la justice et cela n’a pas sa place dans un État de droit. Les responsables du gouvernement, notamment le ministre de l’Intérieur, qui depuis mars 2021 disculpe les forces de l’ordre de toute faute, doivent revenir à la raison.
Personne n’est dupe : les rapports d’autopsie à Ouakam ou Ziguinchor contredisent certaines déclarations officielles. Lorsque, en plus, des nervis ternissent ouvertement l’image de notre police et de notre gendarmerie, il ne nous reste plus qu’à déplorer l’état de notre pays. Les familles des victimes doivent voir un jour la justice du Sénégal se tenir à leurs côtés.
Piètre démocratie
Après le « wax waxeet » d’Abdoulaye Wade, nous sommes témoins du silence, tout aussi dévastateur, de Macky Sall. Au-delà du respect de la démocratie et de ses valeurs, la parole donnée, sacrée dans notre culture « CEDDO », est bafouée par ceux qui devraient la protéger en priorité. Cela illustre un fait tragique : nos élites détruisent constamment nos valeurs négro-animistes les plus positives et universelles. Les sens de l’honneur et de la dignité, fondamentaux dans notre culture, sont piétinés. Malgré les nombreux reproches que l’on peut adresser aux gouvernements de Léopold Sédar Senghor et d’Abdou Diouf, les deux derniers régimes, ceux d’Abdoulaye Wade et de Macky Sall, ont systématiquement attaqué l’identité distincte de notre nation.
Leurs bilans, tant immatériels que spirituels, sont catastrophiques. Une perversion sévit dans notre pays, dégradant notre âme ontologique et toutes nos structures sociales d’organisation, de confiance et d’éducation. Macky Sall a plus été dans la tactique, dans la politique des gains de voix, de la massification, de l’élection qui arrive, oubliant presque les défis civilisationnels.
En outre, il est fréquent d’entendre dire, par les temps qui courent, que le seul responsable de ce que nous vivons est le président Macky Sall et son ambition présumée de briguer un troisième mandat consécutif. Si nous voulons rester fidèles au débat politique central et immédiat : oui, le silence assourdissant de Macky Sall nuit grandement au Sénégal. Avec ses turpitudes, il nous a plongés dans cette situation insoutenable. Comment un chef d’État peut-il mener une campagne référendaire en jurant qu’il n’y aura pas de troisième candidature de sa part, écrire dans un livre qu’il ne briguera pas de troisième mandat, et laisser une armée de courtisans dire le contraire ou punir ceux dans son camp qui sont contre un troisième mandat ?
La responsabilité personnelle de Macky Sall dans l’aggravation de la situation politique nationale est indéniable. Pour apaiser le pays et le maintenir dans la plus grande sérénité, il aurait suffi, depuis longtemps, de répéter ce qu’il avait déjà dit, à savoir qu’il en est à son deuxième et dernier mandat et qu’il n’en briguera pas un troisième, ce qui serait contraire à l’esprit de la Constitution de 2001 ainsi qu’à la révision constitutionnelle de 2016.
De plus, en nommant un magistrat à la tête d’un ministère ayant le pouvoir de priver des citoyens de leurs libertés, il a ouvert la voie à une judiciarisation excessive de l’espace politique. Cela se traduit par de multiples intimidations judiciaires dont sont victimes journalistes, activistes et citoyens. C’est une dérive autoritaire, dangereuse et sans précédent. Pour les dirigeants, la démocratie est un régime de gestion des conflits politiques qui exige une grande moralité.
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