Le président de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh, a annoncé vouloir construire une base spatiale de lancement spatial sur son territoire. Une idée assez intéressante quand on sait que ce pays se situe proche de l’équateur, une localisation idéale pour faire décoller des fusées. Cette base sera réalisée par la Chine. Pardon…! « en partenariat » avec la Chine. Ce faisant, la Chine renforce sa présence à Djibouti qui héberge déjà la première base militaire chinoise à l’étranger. Une base de lancement peut servir à lancer un tas de chose.
Alors qu’une nouvelle base de lancement a été inaugurée en Suède en début d’année, il y a quelques semaines, le président de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh, a annoncé sur Twitter, et dans un communiqué, un projet de construction d’une base de lancement spatial, en partenariat avec la société chinoise Hong Kong Aerospace Technology. Cette base, si elle voit le jour, sera réalisée dans la région septentrionale d’Obock. Étonnamment, bien que l’Afrique soit le continent le mieux placé pour lancer des satellites, il ne possède aucun site de lancement en activité à ce jour.
Comme le souligne le journal Le Monde, l’Afrique est pourtant une évidence géographique quand il s’agit d’accéder à l’espace : une quinzaine de pays sont situés sur ou à proximité immédiate de l’équateur, la localisation idéale pour faire décoller des fusées. « Au-delà même du lancement, l’Afrique est au milieu du monde. En termes de suivi des satellites et même de réception de leurs signaux et de leur surveillance, c’est le continent le mieux placé », plaide Tidiane Ouattara, expert spatial auprès de l’Union africaine, en Éthiopie dans des propos rapportés par le journal Le Monde.
D’un point de vue opérationnel, s’il y a bien un intérêt à lancer depuis Djibouti, la réalisation et l’utilisation d’une base spatiale posent de nombreux défis et questionnent. Déjà d’un point de vue environnemental, la réalisation de cette base nécessitera également la construction d’un port et d’autoroutes pour désenclaver la région et desservir la future base. Ce projet nécessitera donc la réalisation d’une infrastructure énergétique s’appuyant sur le solaire, l’éolien et l’hydroélectrique « ne serait-ce parce que les infrastructures en construction exigent un besoin élevé d’électricité », souligne le communiqué de la Présidence djiboutienne.
Parmi les autres questions susceptibles de retarder le projet, voire de le remettre en cause et empêcher sa réalisation, la stabilité politique régionale, et la sécurité dans cette partie de l’Afrique et le golfe d’Aden sont des paramètres à prendre en compte. Enfin, ce site de lancement aura-t-il une activité pérenne ? Rien n’est moins sûr.
La Chine à la manœuvre
Djibouti ne pouvant pas financer seul ce projet, dont les coûts sont estimés à plus d’un milliard de dollars, un partenariat a donc été conclu avec une société chinoise, Hong Kong Aerospace Technology. Comme le souligne le communiqué de la présidence, cet accord « prévoit la concession définitive des infrastructures aérospatiales construites à la partie djiboutienne, au terme d’une co-gestion de 30 ans, censée déboucher sur un processus de transfert de compétences et d’expertises ».
Avec la Chine aux commandes, et si le processus politique va à son terme, cette base pourrait être réalisée d’ici 5 à 10 ans. Reste à savoir quel lanceur chinois sera utilisé pour l’inauguration.
Cela dit, ce n’est pas le premier grand projet que Djibouti annonce. Mais, aucun n’a vu le jour. On citera en exemple le pont transcontinental devant relier Djibouti et le Yémen, des aéroports internationaux, des complexes touristiques et des centrales de production d’énergie géothermique par exemple.