La presse sénégalaise a organisé hier, vendredi 18 novembre, une marche pour exiger la libération du journaliste d’investigation Pape Alé Niang, placé sous mandat de dépôt le 9 novembre dernier. Des journalistes, des membres de la société civile, des syndicalistes, des hommes politiques, etc. ont pris part à cette manifestation pour réclamer la libération immédiate et sans condition de Pape Alé.
La presse sénégalaise ne badine pas avec sa liberté d’expression. Elle a organisé hier, vendredi 18 novembre, une marche pour exiger la libération immédiate et sans condition du journaliste d’investigation Pape Alé Niang. Ce dernier a été placé sous mandat de dépôt par le juge d’instruction près le Tribunal de Dakar, le 9 novembre dernier, après trois jours en garde à vue. Plusieurs manifestants se sont rassemblés devant le portail de l’Ecole normale supérieure de Dakar, avant de rallier à pied le rond-point Jet d’eau.
Au cours de la marche, la foule a scandé des slogans du genre : «Libérez Pape Alé» ou encore «Macky Sall dictateur». Sur les pancartes brandies, on pouvait lire : «La place d’un journaliste n’est pas en prison mais dans les rédactions», «Des organisations de la société civile comme le mouvement Y’en a marre, le Collectif pour la Libération des Détenus politiques (COLIDEP) et le syndicat d’enseignants SELS Authentique ont pris part à ce rassemblement, mais aussi des formations politiques, à l’image du Pastef Les Patriotes, de Takhawu Dakar et du Mouvement AGIR.
Baye Oumar Gueye, le directeur général de Sud Fm a aussi été au rendez-vous. Selon lui, sa «présence est naturelle et nécessaire», parce que, explique-t-il, le journaliste détenu «n’est pas n’importe qui pour Sud». «Il (Pape Alé Niang, Ndlr) a fait ses débuts à Sud et il y a été formé. Et de poursuivre : «Les motifs pour lesquels il a été arrêté montrent si besoin en était, qu’il a été arrêté par des gens qui voulaient uniquement son arrestation, mais qui ne cherchaient pas à ce que la vérité soit dite de façon claire. C’est pour cela qu’il ont commandité à partir d’un procureur qui a instruit à charge et qui a demandé à ce qu’un juge d’instruction poursuive en ne lui accordant aucune possibilité.» «Il ne reste aucune alternative que de se battre pour exiger sa libération immédiate et sans condition», a fait savoir Baye Oumar Gueye.
Une des figures du panthéon des quatre mousquetaires de la presse sénégalaise, Mamadou Oumar Ndiaye, le directeur de publication du quotidien «Le Témoin» a, de son côté, rappelé que la liberté de la presse est le résultat de luttes au Sénégal.
«Dans les mêmes circonstances de mobilisation, poursuit le doyen, nous avions eu en 2004 à mener le combat pour la libération de Madiambal Diagne et ce combat s’était soldé par un succès éclatant et justement le président Macky Sall était à l’époque le Premier ministre avec qui nous avions négocié la libération de Madiambal Diagne (…) On comprend d’autant mal que le président Macky Sall qui avait joué un rôle déterminant pour la libération de Madiambal Diagne soit celui-là même aujourd’hui qui emprisonne Pape Alé.» Pour mémoire, le journaliste Pape Alé Niang est inculpé des chefs de divulgation d’informations non rendues publiques par l’autorité compétente de nature à nuire à la Défense nationale ; recel de documents administratifs et militaires ; diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques. Il risque cinq (05) ans de prison.