Des nourrissons figurent parmi la soixantaine de personnes enlevées la semaine dernière dans le nord du Burkina Faso par des djihadistes présumés, a indiqué jeudi le procureur de Djibo (nord), qui a annoncé qu’une enquête avait été ouverte. « Le 14 janvier, mon parquet a été informé par des officiers de police judiciaire de cas d’enlèvement d’une soixantaine de femmes et de nourrissons par des hommes armés non identifiés dans les encablures de la commune d’Arbinda (nord) », a écrit dans un communiqué le procureur, Issouf Ouedraogo.
Le précédent bilan faisait état d’une cinquantaine de femmes enlevées. « Ces enlèvements auraient été effectués les 12 et 13 janvier respectivement dans les villages de Liki-Boukouma avec une quarantaine de victimes, de Sirigni avec une vingtaine de victimes », a-t-il expliqué. « Les victimes étaient à la recherche de feuilles et de fruits sauvages comestibles lorsqu’elles ont été appréhendées et conduites vers les localités de Gasseliki et Gorguel », selon le procureur qui a précisé qu’une enquête avait été « immédiatement ouverte pour identifier et d’interpeller les auteurs ».
Mercredi, le mouvement burkinabè des Droits de l’homme (MBDH) a « établi une liste, non exhaustive, de 61 femmes enlevées, dont au moins 26 âgées de moins de 18 ans ». Le MBDH a également appelé les autorités « à œuvrer à l’amélioration des conditions d’existence des populations vivant dans les zones à fort défi sécuritaire en leur apportant davantage d’aide et d’assistance et en assurant un accès humanitaire effectif à leur profit ».
Arbinda se situe dans la région du Sahel, une zone sous blocus de groupes jihadistes, difficilement ravitaillée en vivres ce qui pousse les habitants à aller chercher de la nourriture à l’extérieur des villages.
Un ravitaillement d’Arbinda a eu lieu par voie aérienne mardi, selon une source sécuritaire contactée par l’AFP. Près d’un million de personnes vivent actuellement dans ces zones sous blocus, dans le nord ou l’est du pays, selon les Nations unies. Arbinda et ses environs sont régulièrement le théâtre d’attaques djihadistes meurtrières (80 morts en août 2021, 42 fin 2019). Mais des enlèvements d’une telle ampleur, en particulier visant des femmes, constituent une nouveauté au Burkina, selon plusieurs observateurs.
Lundi, le gouverneur de la région du Sahel, le lieutenant-colonel Rodolphe Sorgho, avait indiqué que des recherches étaient en cours pour retrouver ces personnes enlevées dans le nord du pays. « Tous les moyens sont mis en œuvre, sur le plan terrestre et aérien pour retrouver ces femmes », avait ajouté à l’AFP une source sécuritaire, assurant que « des aéronefs survolent la zone pour détecter tout mouvement suspect ». Lundi, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk, avait exigé la libération « immédiate et inconditionnelle de toutes les femmes enlevées » tandis que l’Union africaine a « condamné fermement » mercredi ce kidnapping.
Le Burkina Faso, en particulier dans sa moitié nord, est confronté depuis 2015 aux attaques de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique, qui se multiplient. Elles ont fait des milliers de morts et au moins deux millions de déplacés. Le capitaine Ibrahim Traoré, président de transition arrivé au pouvoir fin septembre après un coup d’Etat militaire, le deuxième en huit mois, s’est donné pour objectif « la reconquête du territoire occupé par ces hordes de terroristes ».