L’humanité a peut-être sa dernière chance d’éviter les pires effets du changement climatique, a déclaré mardi un groupe de scientifiques de haut niveau des Nations unies. Mais pour cela, il faut réduire rapidement la pollution par le carbone et l’utilisation des combustibles fossiles de près de deux tiers d’ici à 2035.
En attendant, l’année 2023 a déjà été marquée par des phénomènes météorologiques extrêmes exacerbés par la crise climatique, qui ont dévasté la vie des personnes les moins responsables mais les plus vulnérables aux effets des aléas climatiques. Entre les tempêtes mortelles qui ont paralysés des pays d’Afrique australe et la sècheresse historique dans la corne de l’Afrique, le continent est sévèrement touchée par des conditions météorologiques extrêmes, résultat de la crise climatique qui sévit à travers le monde.
Cette année, l’Afrique australe a été frappée deux fois par le Cyclone Freddy qui a causé des dégâts considérables, des déplacements de population et de nombreuses pertes de vies humaines, 73 personnes au Mozambique, 17 à Madagascar et 326 au Malawi, selon les derniers chiffres officiels. Ces tempêtes ont été attribuées à une combinaison de facteurs, notamment le réchauffement climatique, une mauvaise planification urbaine, la déforestation et des infrastructures inadéquates.
Dans la région de la Corne de l’Afrique, après une sixième saison des pluies consécutive sans précipitations, le nombre de personnes déplacées continue d’augmenter, des millions de Somaliens, d’Éthiopiens et de Kényans luttent pour leur survie dans un contexte de pénurie d’eau, de faim, d’insécurité et de conflit. Selon les données du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, plus d’1,7 million de personnes ont été déplacées à l’intérieur de l’Éthiopie et de la Somalie en raison de la sécheresse. Plus de 180 000 réfugiés de Somalie et du Sud-Soudan ont également traversé les régions du Kenya et de l’Éthiopie touchées par la sécheresse.
Les autorités affirment que 11 millions de têtes de bétail et d’espèces sauvages emblématiques sont mortes à cause de la sécheresse, laissant les familles d’éleveurs dans une pauvreté abjecte. Selon le Kenya Wildlife Service, plus de 6 000 animaux sauvages, dont des éléphants, des girafes et des gnous, étaient morts de la sécheresse rien qu’au Kenya à la mi-février.
Dans les régions semi-arides du nord du Kenya, il n’est tombé que six précipitations au cours des trois dernières années, ce qui a entraîné l’une des pires sécheresses de mémoire d’homme.
Les communautés de cette région sont principalement composées d’éleveurs nomades qui dépendent de leur bétail pour leur subsistance et leur survie. Selon un groupe de travail sur la sécurité alimentaire présidé par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture et l’Autorité intergouvernementale régionale pour le développement, près de 23 millions de personnes souffriraient d’une grave insécurité alimentaire en Somalie, en Éthiopie et au Kenya. Une l’enquête de la BEI sur le climat estime à 61 % le taux de la population africaine ayant confirmé l’impact négatif de la crise climatique sur leurs moyens de subsistance.
Un comité d’experts a fait part de ses conclusions lors de la conférence annuelle des ministres africains des finances et de la planification économique organisée par les Nations unies à Addis-Abeba, en Éthiopie.
Le changement climatique, la guerre en Ukraine et le ralentissement économique mondial ont été identifiés comme des facteurs clés du déclin économique de l’Afrique, qui est passé d’une croissance de 4,6 % en 2021 à seulement 3,6 % en 2022, selon le rapport de l’ONU.
Bien qu’elle ait le moins contribué au réchauffement de la planète et que ses émissions soient les plus faibles, l’Afrique est confrontée à des dommages collatéraux exponentiels, qui représentent des risques systémiques pour ses économies, ses investissements dans les infrastructures, ses systèmes d’approvisionnement en eau et en nourriture, sa santé publique, son agriculture et ses moyens de subsistance, menaçant de réduire à néant ses modestes progrès en matière de développement et de sombrer dans des niveaux plus élevés d’extrême pauvreté.