A l’hémicycle, le président de la ‘’République des valeurs’’ a tenu à s’appesantir sur le dialogue national en évoquant les raisons de sa non-participation. Ensuite, pour calmer les collègues députés qui voulaient le déstabiliser, Thierno Alassane Sall recommande plus de responsabilité et enfin, à propos des détenus, il va parler du loup et de l’agneau pour railler le ministre de la justice avant de déboucher sur le pouvoir de dissolution de la CREI dont il dit être totalement contre.
A l’entame de son propos, Thierno Alassane Sall a très vite fait de parler du pourquoi de son absence au dialogue national et non sans recadrer Garde des sceaux à qui il dit ne pas devoir le juger :
« Je n’avais pas prévu de prendre la parole ce deuxième jour, mais j’ai été drastiquement contraint par les propos du ministre en charge de la justice. Dire que ceux qui n’ont pas participé au dialogue ne sont pas dans la République, Monsieur le ministre je n’ai pas participé au dialogue pour des raisons à la fois philosophiques, politiques et morales qui me sont propres, mais je suis dans la République.
Et personne et rien ne doivent vous permettre de nous juger parce qu’en plusieurs circonstances ici et sur beaucoup de choses on s’abstient d’émettre nos jugements pour ne pas rajouter de l’huile sur le feu et pour défendre la République. Mais ce n’est pas parce qu’on n’a pas participé à un dialogue dont les conclusions ont été déjà arrêtées par des acteurs dans des dialogues antérieurs entre des rencontres sur des terrains neutres que nous ne sommes pas dans la République. Nous ne devions pas participer à un dialogue dont les conclusions ont été connues d’avance », précise-t-il. En outre, le candidat à la candidature de la présidentielle de 2024 estime que la République c’est de « s’abstenir de recevoir au Palais de la République Monsieur Djibril Ngom qui s’est enfui avec les listes de l’opposition et qui a été reçu, filmé au Palais de la République, il devrait être au Palais de justice ce Monsieur Djibril Ngom et je pourrais donner beaucoup d’autres exemples », lance-t-il à l’endroit du ministre de l’intérieur.
En un moment donné, certains collègues députés ont commencé à lui vouloir voler son temps de parole, ce qu’il n’a pas du tout accepté, car, pour lui, ce n’est pas le bon comportement d’un parlementaire au lendemain du dialogue dont les conclusions sont à même d’être appliquées :
« Chers collègues, montrons justement qu’on est dans l’esprit du dialogue dont on parle et qu’on a tant salué. Montrons précisément que le dialogue tant vanté et tant salué ici est une réalité, ce n’est pas un leurre, n’est pas qu’une posture politique politicienne pour faire passer des textes ».
A PROPOS DES DETENUS POLITIQUES…
« Monsieur le ministre de la justice, j’ai beaucoup de respect pour vous et vous le savez beaucoup, mais je suis étonné quand un juriste dit, je ne sais pas si c’est le politique qui parle ou le juriste, que tous ceux qui sont en prison sont coupables alors qu’il y’en a beaucoup qui ne sont pas encore jugés et qui sont dans les liens de la détention provisoire dont le chauffeur de notre collègue Bakary Diédhiou qui a été arrêté en même temps que le député Bakary Diédhiou et qui est toujours en prison. Pourquoi Bakary Diédhiou est-il libéré ? On est dans la justice qu’on appelle comme le loup et l’agneau parce que Bakary Diédhiou est plus fort que son chauffeur, un député et un pauvre chauffeur ce n’est pas les mêmes lois qui s’appliquent sur lui. Voilà la justice, tous ceux qui sont en prison et qui ne sont pas été condamnés définitivement supposés être innocents, c’est ça qu’on veut ».
DISSOLUTION DE CREI…
« Par ailleurs, je ne crois pas que les pouvoirs de dissolution ont été introduits en 1977, peut être que c’est un lapsus, c’est en 1967 et bien elle (la dissolution) était déjà dans la Constitution de 1960 avec une révision du 12 novembre 1961. Ensuite dans la Constitution de 1963 et vous-même vous avez publié un article la dessus dans un livre intitulé les textes fondamentaux d’une scène de la République du Sénégal en sa page 60, vous-même en 1963. Déjà en 1960 il y avait le pouvoir de dissolution et il y avait des verrous extrêmement importants pour que le pouvoir de dissolution puisse intervenir il faut deux motions de censure c’est dire qu’on a régressé dans ce pays-là.
Quand on veut envisager la dissolution sans aucun prétexte et sans aucune raison, comme on a régressé parce que du haut de cette tribune-là, quand on votait la loi de 1981 relative à la CREI, le député du PDS Sophie Ndiaye Cissokho a introduit un amendement fort intéressant sur la déclaration de patrimoine. Ce n’est pas une loi sortie de nulle part, la loi sur la CREI. Comment on peut fermer l’Assemblée nationale pour quatre mois et demi, de janvier en mai quasiment et nous introduire en procédure d’urgence un texte qui, quoique important, quoique introduisant le pôle judiciaire financier qui est important est un texte qui n’a pas été discuté largement, alors même s’il mérite de l’être ».
Mamadou Sow (Stagiaire)