Petit matin bleuté sur les rues de scat urbam. Il fait exactement 6h 32 à notre montre et un petit vent doux souffle timidement. On voit des personnes sur les arrêts bus, des jeunes talibé avec leurs pots à la main, les vendeurs de café tout au long de la rue qui mène vers une boutique cosmétique.
A notre grande surprise, c’est un homme de la trentaine, qui ouvre la porte du magasin. Apres de chaleureuses salutations, il nous fait entrer dans la boutique où y’avait par terre des cartons vides et des sachets çà et là. Dans ce grand magasin où les odeurs de l’encense et des parfums s’entremêlaient on y trouver toutes sortes de produits sur les étagères : des laits de corps, des pommades pour les cheveux, des savons, des produits make-up, des mèches synthétiques et humaines, etc.
A peine fini sa mise en place, on voyait déjà les premières clientes entrer comme si y’avait un aimant qui les attirait dans la boutique.
Il s’appelle Amadou, c’est lui le gérant de la boutique.
Ce qui a attiré notre attention c’est le fait qu’il soit également le vendeur. Il gère la boutique depuis plus de 3ans et maitrise le prix de chaque produit. Il s’est même permis de nous donner des conseils sur le lait de corps approprié à notre type de peau. Il nous a également fait part des produits que les jeunes filles aiment le plus.
« Vous avez une peau sèche, donc si vous utiliser un lait de corps à base d’argan ça vous fera du bien ». Nous conseil-t-il.
Toutefois, il n’hésite pas à recadrer une cliente qui tente de fourrer son nez dans ses produits dans le but de lui dérober un rouge à lèvre ou un eye liner. Et sur ce coup, il n’y va pas de main morte :
« Sokhnaci (Madame en wolof) arrêtez ce que vous faites, je vous vois! » assène-t-il à cette dame en robe mauve.
Vu que c’est son gagne-pain et qu’il est en contact permanant avec les femmes même si y’a des hommes qui viennent souvent pour acheter des articles, il doit avoir un fort caractère pour s’en sortir. « Vous savez 90% de nos clients sont des femmes, donc si tu ne sais pas comment les gérer tu risques d’être dans le pétrin » explique le gérant.
Deux autres clientes entrent en même temps dans la boutique en discutant. Apres nous avoir salué, l’une d’elles a commencé à taquiner Amadou : « le parfum que tu m’avais vendu la dernière fois, mon mari n’a pas apprécié » lui lance la dame en éclatant de rire.
Nous remarquons qu’aujourd’hui dans cinq boutiques cosmétiques du quartier, les quatre sont gérées pour les hommes.
Qu’est ce qui l’explique ?
Amina, une jeune dame de teint claire a peine âgée de 20 ans qui est une fidèle cliente nous donne son avis sur cette question : « sans l’ombre d’un doute, les hommes ont plus de patience, sont plus dégourdies, et nous les femmes on a trop de chichi. En plus, les personnes de même sexe se supportent difficilement ».
Une question qui préoccupe plus d’un sans doute mais toujours en est-il que les hommes qui le font restent des hommes à part entière. « C’est un boulot comme tous les autres ! ». Rappel Amadou.
Fatima B. NDIAYE