Au moins 168 personnes ont été tuées dimanche dans des violences au Darfour, un des bilans les plus lourds dans cette région de l’ouest du Soudan ravagée depuis des décennies par la guerre, rapporte une ONG.
Ces violences ont débuté à Krink, à 80 km d’El-Geneina, la capitale du Darfour-Ouest, vendredi, journée durant laquelle huit personnes avaient déjà été tuées, précise Adam Regal, porte-parole la Coordination générale pour réfugiés et déplacés du Darfour. « Au moins 168 personnes ont été tuées dimanche et 98 blessées », a déclaré M. Regal, laissant entendre que le bilan pourrait encore s’alourdir.
Un dignitaire local de la tribu des Massalit a rapporté avoir vu des cadavres dans plusieurs villages du secteur de Krink, alors que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) exhortait les autorités à assurer le transport sécurisé des blessés vers les hôpitaux de la région. Selon la Coordination générale, les violences ont débuté lorsque des combattants armés issus de tribus arabes ont attaqué des villages Massalit, une minorité ethnique africaine, en représailles à la mort jeudi de deux membres de leurs tribus.
Des vidéos et des photos mises en ligne ont montré des colonnes de fumée noire s’échappant de maisons ainsi que des étendues de terre brûlée là où auparavant se dressaient des huttes traditionnelles incendiées. L’authenticité de ces images n’a pu être vérifiée de source indépendante.
Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines de maisons incendiées, rapporte l’ONU, lors de plusieurs épisodes de violence au Darfour ces derniers mois favorisés selon les experts par le vide sécuritaire créé par le putsch du général Abdel Fattah al-Burhane à Khartoum en octobre. Des heurts entre éleveurs arabes et agriculteurs africains pour des disputes territoriales ou l’accès à l’eau avaient déjà causé la mort de près de 250 personnes d’octobre à décembre au Darfour, selon un syndicat de médecins prodémocratie. La région a été ravagée par une guerre civile déclenchée en 2003 entre le régime à majorité arabe et les insurgés issus de minorités ethniques dénonçant des discriminations.
Environ 300.000 personnes sont mortes et près de 2,5 millions déplacées durant les premières années de violences, d’après l’ONU. Le Soudan, sorti en 2019 de 30 années de dictature sous Omar el-Béchir, est depuis le coup d’Etat d’octobre englué dans le marasme politique et économique.
D’ici la fin de l’année, selon l’ONU, 20 des 45 millions de Soudanais seront confrontés à l’insécurité alimentaire. Et les plus touchés du pays, l’un des plus pauvres au monde, sont les plus de 3,3 millions de déplacés, quasiment tous installés au Darfour.