Une affaire de détournement de 63 millions de francs est sur toutes les lèvres à BEM Management School. L’ouverture de l’enquête a abouti à l’arrestation du responsable administratif et financier de l’établissement d’enseignement privé.
Attaqué en justice par BEM Management School, Doudou S. est poursuivi pour abus de confiance portant sur 63 millions de francs. Responsable administratif et financier de l’établissement, le jeune homme de 34 ans était chargé de recevoir la mensualité des étudiants et de faire un compte rendu hebdomadaire. Suite à un audit, les responsables de l’université ont constaté un trou de 63 millions de francs. Dans un premier temps, le mis en cause a présenté une liste d’étudiants disant qu’ils n’ont pas passé à la caisse. Pour y voir plus clair, la direction a convoqué les étudiants incriminés. Confronté à ces derniers, Doudou est revenu sur ses déclarations, affirmant qu’il s’agit d’omission. Interpellé, puis mis sous les verrous, le prévenu a été présenté hier, au juge des flagrants délits de Dakar.
À l’en croire, le préjudice avoisine les 20 millions de francs. « Je n’ai jamais puisé dans la caisse. Il s’agit de manquants que je ne pourrais justifier », a-t-il soufflé. Avant de renchérir : « J’ai fait plus de 2 ans à Bem, avant de bénéficier d’une promotion. J’ai été affecté dans leur filiale, Dunis (Dakar university of international studies). Mon rôle se limitait à encaisser la scolarité des étudiants que je déposais par la suite à la banque. En ce qui concerne les décaissements, j’établissais juste les chèques. C’est à mon directeur hiérarchique de signer. Je n’étais pas aussi le seul comptable. On était trois. Ils ont fait après mon départ des vérifications allant du mois d’avril à décembre 2022. Alors qu’en cette période, j’avais quitté Bem. Avant de partir à mon nouveau poste, on a fait une étude avec mon collègue Dieynabou. Celle-ci a perdu les documents ».
D’après Me Arona Bass, le prévenu est resté plusieurs semaines sans faire signe de vie quand il a été invité à s’expliquer sur les manquants. L’avocat de la partie civile a ainsi réclamé 68 millions de francs, en guise de réparation. Le maître des poursuites a demandé l’application de la loi. De l’avis de Me Ndiaye, le montant de 63 millions francs a été établi de manière unilatérale. « Nous reconnaissons que le prévenu a eu à faire certaines malversations. Mais, il n’est pas le seul responsable financier. Il était sous l’ordre du directeur administratif et financier. L’investigation devrait aller au-delà de sa personne pour s’assurer de l’équilibre », a défendu le conseil de la défense qui ajoute que son client a eu une promotion pour aller à Dunis grâce à sa bonne foi. Le juge a mis sa décision en délibéré au 21 février prochain.
KADY FATY