A quelques jours de l’ouverture des classes pour l’année académique 2024-2025, c’est l’occasion de revisiter ces grands défis que sont déficit d’enseignants, de classes et de tables-bancs, floraison d’abris provisoires, forte déperdition scolaire, grèves. Malgré tous les efforts consentis par les divers régimes qui se sont succédé à la tête du pays, l’école sénégalaise peine encore à atteindre le niveau de performance requis pour conforter son ambition de d’excellence. En témoigne la relative baisse du taux d’admission au Bac et du Bfem notée pour cette année.
A quelques jours de l’ouverture des classes pour l’année académique 2024-2025, l’occasion semble propice pour revisiter les grands défis qui attendent l’école. Des défis qui ont pour noms déficit d’enseignants, de classes et de tables-bancs, floraison d’abris provisoires, forte déperdition scolaire, grèves cycliques…
La rentrée scolaire approche à grand pas et les défis à relever restent encore énormes en ce qui concerne l’école sénégalaise : recrutement d’enseignants, construction de salles de classes, résorption des abris provisoires…Lors de la réunion interministérielle sur la préparation de la rentrée scolaire 2024-2025 tenue jeudi dernier, il a été relevé un « besoin de 4 527 enseignants pour l’année 2024-2025 », « 7 145 abris provisoires recensés à travers le territoire national », un « déficit de 48 696 salles de classes », un « déficit de 207 000 tables-bancs ».
Au sujet des abris provisoires, l’on se rappelle en 2023 les propos du ministre de l’Education nationale de l’époque, Cheikh Oumar Anne qui dénonçait les défaillances des entreprises sénégalaises sélectionnées dans le cadre du Programme de remplacement des abris provisoires et d’ouvrages annexes (PROPAP). A l’en croire, l’Etat du Sénégal avait mis 50 milliards de FCFA, depuis 2016, alors que le nombre de salles réceptionnés ne faisait même pas 800. En outre, presque chaque année, il est noté des perturbations dans le secteur de l’enseignement en raison des grèves des syndicats d’enseignants. Ce qui n’est pas sans conséquences sur la performance du système éducatif. Pour combler le gap et permettre une année 2024-2025 dénuée de perturbations dans le front social, le ministère de l’Education nationale s’est résolument inscrit dans une dynamique d’apaisement.
La signature d’une déclaration d’intention avec le ministre de la Fonction publique dans le cadre du dossier lié à l’apurement des instances administratives des enseignants, et celle liée aux arrêtés d’admission aux examens professionnels et décisions de nomination aux postes de responsabilité en sont pour preuve. Reste maintenant à savoir si les divers engagements des nouvelles autorités permettront de réussir le coup du « zéro grève ». Il faut relever également que pour l’année scolaire 2023- 2024, le taux de réussite au baccalauréat est de 50,50%. Celui-ci connait ainsi une légère baisse par rapport à celui de 2023 qui était de 51,61% alors qu’en 2022, le taux de réussite au bac était de 51,99%. Cette baisse continue du taux de réussite au bac s’incruste comme un véritable défi pour l’école en quête des performances consolidantes.
Quant au Brevet de fins d’études moyennes (Bfem) 2024, le taux de réussite est de 73,94% au niveau national alors qu’en 2023, il était de 76,3%, soit une baisse de 2,36%. Mardi dernier, le ministre de l’Education nationale, Moustapha Guirassy a reçu les syndicats d’enseignants du G7 qui ont profité de l’occasion pour tirer la sonnette. Ils ont, en effet, rappelé au ministre que « le seul gage de stabilité de l’année scolaire 2024-2025 demeure la prise en charge de la révision de la situation des décisionnaires, le relèvement considérable de leur pension de retraite ainsi que le parachèvement de la formation diplômante de tous les enseignants ».
Selon le communiqué, « il s’agit notamment des chargés de cours, des PC ayant capitalisé plusieurs années d’expérience, des demandeurs de mise en position de stage, du résiduel des 5000 enseignants recrutés en 2021, des titulaires de diplômes spéciaux (professeurs d’économie, de philosophie, d’économie familiale …), des MEPS, des chargés de cours en EPS ». Il y a deux ans, des syndicats d’enseignants ont paralysé les enseignements pour diverses revendications qui égratignent la marche du système éducatif. Après plusieurs semaines d’âpres négociations, les syndicats d’enseignants et l’Etat du Sénégal ont signé le protocole d’accord de février 2022 sur l’augmentation des salaires.
Dans certaines localités du pays, le taux d’abandon scolaire reste encore élevé au niveau du moyen et de l’élémentaire et ce, malgré les nombreuses activités de sensibilisation qui sont menées. Ce qui pourrait être lié à « l’environnement scolaire mais aussi à l’insuffisance des résultats avec des élèves qui rechignent à reprendre la même classe ». Lors de la réunion interministérielle sur la préparation de la rentrée scolaire 2024-2025, 30 mesures ont été prises dont « la restructuration d’un programme innovant pour accélérer le remplacement intégral des abris provisoires », tout autant aussi « un plan d’actions pour la mise en œuvre d’un programme d’urgence de mise à niveau des infrastructures scolaires ».
Reste à savoir, compte tenu de tous ces énormes défis qui guettent le système, si le package d’intrants mis en place parles nouvelles autorités pourra permettre à l’école sénégalaise d’avoir de bons résultats en cette année scolaire qui se profile