Narguère, les jeunes africains et hommes valides étaient emmenés de force dans les plantations américaines dans le cadre de la traite des enclaves. Aujourd’hui, les jeunes africains tiennent vaille que vaille à y aller. Américains et Européens le faisaient pour des raisons économiques.
Aujourd’hui également, l’économie guide les mouvements des jeunes africains. Et parmi eux, les sénégalais qui font preuve de beaucoup de zèle à vouloir quitter le pays pour regagner des pays plus développés. Le mouvement ne fléchit pas malgré les arrestations.
Les autorités ont en effet pris leurs dispositions pour contrer le phénomène. En Espagne, un procès a été ouvert la semaine dernière contre des passeurs et autres capitaines de pirogues pour assassinat lors d’un trajet en mer. Malgré tout, le processus se poursuit. Seules les conditions climatiques peuvent constituer un frein aux départs. Mais pas un frein absolu.
Les jeunes restent en général prêts à braver les dangers y compris le froid pour rallier les côtes espagnoles. Dans le contexte du Sénégal, l’envie de partir a été accentué par le découragement lié aux promesses non-tenues ou qui tardent à être matérialisées par les nouvelles autorités. Le découragement est perceptible y compris sur les réseaux sociaux.
A cela s’ajoute la complicité d’autorités qui, dans tous les cas, participent activement au convoiement d’émigrés vers l’Europe.
Un Maire vient d’être mis en garde à vue pour ce délit, ce qui atteste d’une forme de complicité sans laquelle l’émigration irrégulière serait particulièrement réduite. Et les premiers complices de ces jeunes sont en général leurs propres parents et leurs proches même si ces derniers ne sont pas toujours au courant. La réalité est que les pays développés exercent un certain mirage sur les jeunes. Beaucoup croient encore que c’est l’eldorado alors qu’il n’en est rien. Émigrer n’est pas forcément la panacée. On peut rester chez soi et réussir. Et voyager ne garantit rien du tout.
Du coup, il est bon de travailler à des plaidoyers et une vaste campagne contre l’émigration. L’Etat doit mettre en œuvre une politique anti-migratoire tout en encourageant le retour au pays de ceux qui sont déjà partis. Malheureusement, le débat est quasi absent au Sénégal et ailleurs en Afrique. Tout se passe comme si populations et autorités rêvaient de voir les jeunes partir….
Assane Samb