L’homme politique Moustapha Diakhaté et le journaliste Adama Gaye ont été placés en garde en vue pour divers délits mais tous d’opinion. L’homme politique est poursuivi pour injures par voie informatique tandis que le journaliste l’est pour diffusion de fausses nouvelles.
Des arrestations qu’il faut mettre sur le compte d’une certaine exaspération des autorités actuelles contre deux personnalités qui sont des détracteurs du régime actuel. Très critiques, elles ne ratent aucune occasion de s’en prendre notamment à Ousmane Sonko ou à ses ouailles. Adama Gaye s’est prononcé sur la mort du ministre Moustapha Bâ en parlant d’assassinat. Moustapha, lui, est très acerbe contre Sonko qu’il accuse souvent de « mentir» sur pas mal de choses.
Il est clair alors qu’il s’agit bel et bien de délits d’opinion. D’ailleurs, sur le décès de l’ancien ministre, le Parquet a lui-même parlé de « mort non-naturelle », ce qui a été interprété par beaucoup, comme décès survenu à la suite d’actes criminels. Peut-on alors emprisonner quelqu’un pour cela ?
La réponse coule de source étant entendu que beaucoup de médias avaient fait des révélations concernant ce cas, lesquelles vont dans le sens de démontrer le caractère suspect de la mort. S’agissant de Moustapha, ancien député, il a utilisé certes des mots durs, mais c’est à l’image de la communication politique ambiante. Car, sauf erreur de notre part, le Pm Sonko avait traité le Président Sall et ses affidés dont l’ancien ministre décédé, de mensonge sur les chiffres concernant aussi bien le budget que la dette extérieure.
Alors, une question simple : Est-ce un délit de traiter quelqu’un de menteur ? Même si les mots ne sont pas corrects et que nous ne les encourageons pas, il est difficile de condamner quelqu’un pour ce simple fait. Bien sûr, il faudra policer le langage et faire preuve de respect et de retenue à tout moment, mais il est important aussi, de la part des nouvelles autorités, de ne pas trop mettre le pédale sur l’accélérateur de la répression judiciaire. A moins qu’elles ne veuillent s’inscrire dans la dynamique d’une certaine continuité.
Puisqu’elles avaient prôné la rupture, elles doivent davantage se concentrer sur l’essentiel, c’est à dire le travail au profit des sénégalais. Ces pratiques qu’elles-mêmes avaient vivement condamnées ne font que ternir l’image de notre démocratie et nous détourner de l’essentiel. Elles relèvent de réflexes autoritaristes. Il faut surtout avoir la modestie de savoir que ce n’est pas parce que l’on a gagné haut la main des élections que l’on a toujours raison. Et que l’on ne doit pas admettre et supporter la contradiction et l’hostilité. Car, des gens qui pensent autrement et qui l’expriment, il y en aura toujours. Même si, eux aussi, doivent modérer leur langage.
Assane Samb
C’est une chose de parler de rupture, il en est une autre plus complexe et plus difficile de vivre cette rupture. Ce nouveau régime est arrivé à la tête de ce pays il y a bientôt huit mois, vous me direz que c’est peu pour un mandat qui doit durer cinq ans. Seulement pendant tout ce temps quel est le Sénégalais qui peut poser le plus doigt sur un début d’un quelconque changement qui peut être considéré comme étant une rupture. Au contraire, tous les actes qu’ils ont eu à être poser jusque-là ont été de véritables reculs démocratiques par rapport à tout ce que nous avons connu et vécu jusque-là. Ce pays s’achemine lentement mais sûrement vers une dictature, vers une pensée unique.