La suspension pour plusieurs mois de l’aide américaine a provoqué confusion et perturbation dans le réseau mondial de lutte contre le sida, a souligné l’ONUSIDA dans son dernier bulletin mesurant l’impact de cette suspension. Selon l’agence onusienne basée à Genève, des cas de panique et d’accumulation de médicaments ont été signalés parmi les personnes vivant avec le VIH, qui craignent que leur gouvernement et les partenaires restants aient du mal à maintenir ces services. Des ruptures de stock se produisent également.
De nombreuses ripostes nationales au sida touchées par le gel ou l’arrêt du financement américain donnent la priorité à la poursuite de la thérapie antirétrovirale pour les personnes vivant avec le VIH, y compris l’achat de médicaments antirétroviraux (ARV) qui sauvent des vies. Malgré ces mesures, les services de prévention du VIH, de dépistage et de soutien aux populations à haut risque d’infection, ainsi que les services communautaires ont été durement touchés par les réductions de financement.
Perturbations des services
« De nombreux centres d’accueil et autres espaces sécurisés financés par les États-Unis pour les populations clés, les adolescentes et les jeunes femmes fortement stigmatisées ont été fermés, et le financement américain pour la fourniture d’une prophylaxie pré-exposition (PrEP) à ces populations a été en grande partie interrompu ».
PEPFAR, un programme de lutte contre le VIH/sida lancé par le Président américain George W. Bush en 2003, a été suspendu fin janvier lorsque le nouveau Président américain Donald Trump a gelé la plupart des programmes d’aide étrangère pour une durée de 90 jours, une décision qui a mis à l’arrêt de nombreuses cliniques.
Au cours des dernières semaines, les bureaux nationaux de l’ONUSIDA ont signalé que les services de prévention du VIH, de dépistage et d’appui aux populations à haut risque d’infection, ainsi que les services communautaires et les activités de facilitation structurelle sont les plus touchés par le gel des fonds américains et les résiliations de contrats qui s’ensuivent.
Au Libéria par exemple, le financement de sept partenaires locaux qui fournissent des services aux populations clés a été annulé. Au Pérou, les services ciblant les populations clés, les adolescentes et les jeunes femmes et les migrants vivant avec le VIH ont été les plus touchés par le gel américain.
Une exception notable est l’Ukraine, où un projet pilote pour la PrEP à action prolongée a des stocks suffisants de cabotégravir pour maintenir le projet pilote à sa taille actuelle jusqu’en avril 2026.
De nombreux pays ont fait état d’impacts significatifs sur les ressources humaines dans le domaine de la santé, soutenues en partie ou en totalité par des fonds américains. Il s’agit notamment de près de 2.000 médecins et plus de 1.200 infirmières et de 8.600 prestataires de soins de santé et travailleurs communautaires en Côte d’Ivoire. C’est le cas aussi en Namibie avec un impact sur plus de 400 membres du personnel médical et technique.
La semaine précédente, l’Afrique du Sud a signalé que plus de plus de 15.000 membres du personnel chargé de la lutte contre le VIH au niveau national et dans 27 districts prioritaires avaient été touchés par les réductions de financement des États-Unis.