Après avoir revu ses plans à la baisse et retiré ses troupes de la région de Kiev et du nord de l’Ukraine, Moscou a fait de la conquête totale du Donbass, dans l’Est, sa priorité. Selon Kiev, l’armée russe a « presque terminé sa préparation ».
L’étau se resserre. L’armée ukrainienne a déclaré lundi 11 avril qu’elle s’attendait à ce que l’offensive russe sur l’est du pays ait lieu « très prochainement ». « Selon nos informations, l’ennemi a presque terminé sa préparation pour un assaut sur l’Est », a affirmé le porte-parole du ministère ukrainien de la défense, Oleksandr Motouzianyk.
Sur le terrain, les troupes ukrainiennes renforcent leurs positions en prévision d’une attaque imminente, notamment en creusant de nouvelles tranchées ou en minant le bord des routes. Des analystes estiment que le président russe, Vladimir Poutine, veut obtenir une victoire dans cette région avant le défilé militaire du 9 mai qui célèbre en Russie la victoire soviétique sur les nazis. « La semaine prochaine, (…), les troupes russes passeront à des opérations encore plus importantes dans l’Est », a averti dimanche soir le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Après avoir revu ses plans à la baisse et retiré ses troupes de la région de Kiev et du nord de l’Ukraine, Moscou a fait de la conquête totale du Donbass, dans l’Est, sa priorité. Une partie de la région est contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses.
L’un des principaux objectifs dans cette région est la ville de Marioupol, assiégée depuis plus de quarante jours par les forces russes. La prise de ce port stratégique permettrait de consolider les gains territoriaux russes sur la bande côtière le long de la mer d’Azov en reliant les régions du Donbass à la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014. Lundi, devant l’Assemblée nationale de Corée du Sud, à laquelle il s’adressait par visioconférence, M. Zelensky a déclaré que les Russes avaient « complètement détruit Marioupol et l’ont réduite en cendres », accusant Moscou de vouloir faire de ce port stratégique « un exemple ».
Kiev semble désormais se préparer à la chute de cette ville martyre. « Aujourd’hui sera probablement l’ultime bataille » à Marioupol « car nos munitions s’épuisent », a écrit lundi sur Facebook la 36e brigade de la marine nationale des forces armées ukrainiennes, qui combat dans le port stratégique. « Ce sera la mort pour certains d’entre nous et la captivité pour les autres. Nous ne savons pas ce qu’il va se passer, mais nous vous demandons vraiment de vous souvenir [de nous] avec un mot gentil », écrit également cette unité des forces armées ukrainiennes, qui dit être « en train de disparaître lentement ».
A contrario, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Valeri Zaloujni, a insisté lundi matin sur le fait que « la défense de Marioupol continue ». « Le contact avec les unités de défense qui tiennent de manière héroïque la ville est stable », a-t-il affirmé sur Facebook, appelant à ne pas faire des opérations militaires « un sujet de débat public ». « Ayez foi dans les forces armées ukrainiennes ! », a-t-il exhorté.