La junte au pouvoir en Guinée a annoncé mardi avoir autorisé les ex-chefs d’Etat Sékouba Konaté et Moussa Dadis Camara, qui vivent tous deux à l’étranger, à séjourner en Guinée pour raison « humanitaire ».
Le capitaine Moussa Dadis Camara (2008-2009) vit depuis sa chute au Burkina Faso. ll a tenté sans succès de rentrer en Guinée sous le président Alpha Condé, au pouvoir de 2010 jusqu’à son renversement le 5 septembre par des militaires. Il a été remplacé par le général Sékouba Konaté, qui était à la tête d’une transition qui a abouti à l’élection d’Alpha Condé en 2010. Le général Sékouba Konaté avait été interdit de rentrer en Guinée à la suite du coup d’Etat annoncé par le régime d’Alpha Condé en juillet 2011. Plusieurs de ses proches avaient ensuite été arrêtés.
Les deux ex-dirigeants sont « autorisés à visiter la Guinée mais s’ils veulent y rester aussi, à mon avis, il n’y aura pas de problèmes puisqu’ils sont tous les deux citoyens Guinéens », a déclaré Jean-Baptiste Jocaley Haba, un avocat du capitaine Camara. Il n’était pas possible immédiatement de savoir auprès des autorités guinéennes si cette autorisation de visite était temporaire ou définitive.
La junte a, par souci de « renforcement de l’unité nationale et d’apaisement, accueilli favorablement les demandes de visite au pays » de Moussa Dadis Camara et Sekouba Konaté. Le gouvernement va « examiner au cas par cas les modalités concrètes des visites », indique un communiqué officiel.« Cet acte purement humanitaire ne traduit en rien une volonté d’ingérence dans une quelconque procédure judiciaire. »
La ministre guinéenne de la Justice par intérim, Fatoumata Yarie Soumah, a déclaré vendredi que le gouvernement se « préparait » à juger les auteurs du massacre au stade de Conakry en 2009, à l’issue d’une visite de la Cour pénale internationale dans le pays.
Le 28 septembre 2009, des militaires avaient tué au moins 157 personnes et violé 109 femmes dans le stade où étaient rassemblés des milliers d’opposants à la candidature à la présidentielle de Moussa Dadis Camara, alors chef de junte, selon une commission d’enquête de l’ONU.