Auparavant, les jeux de hasard, comme le Pari mutuel urbain (Pmu), étaient une activité destinée aux personnes âgées pour prédire les résultats de courses de chevaux avec une cagnotte à gagner. Passant par les jeux de grattage et le loto, la Lonase a par la suite créé le pari foot qui invite à parier sur le football. Un jeu qui gangrène la vie de beaucoup de jeunes qui, au lieu de se focaliser sur leur avenir, envahissent les kiosques et les Game-center installés un peu partout à Dakar.
Se remplir les poches sans se fatiguer est le principal objectif de bon nombre de Sénégalais. Le jeu de hasard est certes le moyen le plus facile et le plus rapide pour se faire de l’argent, mais il est aussi l’une des choses qui peut ruiner la vie du parieur quand il devient trop dépendant. Vu comme de la drogue, les parieurs en font leurs quotidiens et certains vont même jusqu’à emprunter ou voler de l’argent pour pouvoir faire une mise. Maintenant, il est quasi impossible de circuler dans les rues de Dakar sans apercevoir un kiosque bien rempli de personnes qui font la queue non pas pour acheter du pain, mais pour juste acheter son ticket de pari ou s’enquérir des résultats pour toucher un peu d’argent en cas de victoire.
A quelques encablures de Colobane, se trouve un vieil homme qui répond sous le nom de Moussa Traoré, habillé en veste noire. Il rejette cette pratique qui, selon lui, impacte sur l’éducation des enfants. « Le pari est interdit même par la religion musulmane mais, malgré tout, l’on voit des jeunes et même des personnes du troisième âge dans les kiosques en train de chercher ce que j’appellerai de l’argent facile”, se plaint-il. L’Etat doit agir pour encadrer ce secteur. Certes c’est un jeu interdit aux moins de 18 ans mais l’on constate la participation de ces derniers dans les kiosques. Le secteur voit son développement au jour le jour, car il y a des applications à partir desquelles on peut parier à travers son téléphone. Donc, il faut faire appel à une évaluation entre le bien et le mal. Le jeu doit être banni et ôté de la société car ça détourne la jeunesse, met-il en garde avec l’air fâché.
Mamour, un père de famille croisé à Sicap, renseigne qu’il n’a jamais été tenté par le jeu, mais la pauvreté est le motif principal. Selon lui, confrontés au manque d’emplois et avec la fuite de responsabilité de certains parents, nombreux sont les jeunes qui s’activent sur ces jeux. Or, conseille-t-il, si nos jeunes avaient l’esprit de créativité et d’entrepreneuriat, avec l’appui de nos gouvernants et l’engagement des parents, le Sénégal allait être meilleur. L’État du Sénégal doit prendre des mesures pour l’élimination de ces gagne-pain, car ils contribuent à la construction d’une jeunesse fainéante, renseigne Mamour.
Un ancien utilisateur du nom de Baidy Sall sensibilise les jeunes et les incitent à ne pas s’y engager. “Le jeu est excitant et rend accro, malgré tout, on perd plus que l’on gagne. Il n’y a pas de prix exact à gagner, ça se fait par code et dépend de l’accumulation des matchs. L’État doit également prendre ses responsabilités et empêcher l’évolution de ces entreprises qui arnaquent les jeunes et les rendent paresseux”, dit-il.
Sous le couvert de l’anonymat, une femme, la trentaine, indique que l’argent facile n’a jamais donner de bons résultats. La jeunesse doit changer de paradigme, prendre le temps d’étudier, de cultiver la connaissance avant de penser à se remplir les poches. Mais aussi elle les invite à vivre selon leurs moyens financiers. « Vouloir à tout prix satisfaire ses besoins peut conduire à des dangers pires que le jeu. Les vols et agressions se multiplient jour après jour et la majorité sont des adeptes des jeux de hasard”, regrette-t-elle. Pour notre interlocuteur, il faut une réorientation des jeunes et un recours à l’éducation.
ASTOU MALL