L’Inspection générale de l’administration de la (Igaf) aurait auditionné le juge Sabassy Faye, Président du Tribunal de Grande Instance de Ziguinchor pour des raisons qui ne sont pas pour le moment rendues publiques. Mais la coïncidence avec le verdict du 12 octobre rendu dans le cadre de la radiation d’Ousmane Sonko et pour laquelle le juge avait tranché en faveur de l’opposant, peut faire penser que cette audition entre dans ce cadre.
Le juge qui avait rendu une ordonnance, l’aurait notifié aux autorités administratives compétentes pour qu’Ousmane Sonko puisse retirer sa fiche de parrainage. Une démarche que d’aucuns auraient qualifié d’inédite parce que le juge ne serait pas habilité à le faire.
Un imbroglio politico-judiciaire dans lequel beaucoup se sont engouffrés pour poursuivre, par voie de justice, la bataille politique en cours entre pouvoir et opposition. Car, après le verdict qui a d’ailleurs fait l’objet d’un recours devant la Cour suprême, le nom du juge a été cité partout, lui qui n’a fait que rendre une décision de justice. On en voulu en faire une vedette notamment dans les médias. Et ça, le juge n’en a pas besoin. Et la Justice non plus. Autant, nous ne saurions rester indifférents à ses attaques contre les magistrats qui font leur travail, autant, les tentatives de faire des juges des vedettes de ‘’spectacles judiciaires’’, ne nous agréent pas. Malheureusement, le juge semble être au centre d’une enquête.
Une autre démarche à condamner. Car, le juge doit, dans une large mesure, bénéficier d’une forme de protection dans le cadre de son travail qui s’apparenterait à une irresponsabilité pénale. La même dont bénéficie le Procureur pour les actes qu’il pose et entrant dans ses prérogatives. Certes, il y a le principe de l’inamovibilité, mais cela doit être renforcé par une forme d’immunité qui ne saurait être levée qu’en cas de violation grave de l’éthique et de la déontologie qui régit leur métier. Mais des enquêtes sont diligentées et médiatisées dans ce contexte où une décision vient de tomber contre un opposant pratiquement pestiféré du point de vue politique, cela peut davantage fragiliser la magistrature. Mais, comme l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) n’a pas encore réagi à cette situation, on peut penser qu’il n’y a encore rien de spécial ou d’extraordinaire et qu’il n’y a pas péril en la demeure.
Et que nous ne nous inquiétons pour rien…Qu’à cela ne tienne, nous rêvons tout de même d’une Justice où les décisions peuvent être rendues contre l’Etat et contre des personnes qui se croient ‘’intouchables’’. Nous estimons en effet que la loi est générale et impersonnelle et que l’exercice de la justice d’une façon équitable est le seul moyen d’assurer à tous la confiance nécessaire à notre système démocratique. Le seul gage de l’unité nationale et de la sécurité publique. Aussi, le juge doit être à l’abri de toute pression d’où qu’elle vienne. Et les pouvoirs publics doivent tout faire pour garantir l’exercice libre de la fonction de juger sans que les acteurs ne craignent d’être inquiétés. Ces derniers doivent aussi éviter, le maximum possible, les échos de la clameur publique.
Assane Samb