La sieste est un rituel de l’après-midi pour beaucoup de personnes. Si elle permet de se reposer, elle ne ferait pas forcément du bien à notre cœur. Dormir trop ou pas assez n’est pas bon pour la santé, cette question semble avoir fait consensus pour la communauté scientifique. Mais qu’en est-il des siestes que bon nombre d’entre nous s’autorise durant l’après-midi pour compenser après une nuit agitée ou pour entrecouper une journée chargée ? Là, les avis sont plus divergents. Deux études parues le même jour mais dans deux publications différentes ont analysé les effets sur la santé des siestes. Bien que différentes dans leur méthodologie, ces dernières arrivent au même constat : les personnes qui font la sieste ont plus de risques d’avoir des problèmes de santé, notamment cardiovasculaires.
La première étude a été faite par l’American Heart Association et publiée dans la revue qu’elle édite. Elle s’est basée sur des recherches suédoises qui collectent des données de santé depuis les années 60. En comparant un groupe de personnes au profil similaire, ceux qui font une sieste d’une durée comprise entre 1 et 30 minutes ont un risque accru de développer un problème cardiovasculaire. Le risque est le plus élevé chez les personnes qui dorment moins de 7 heures par nuit et qui font des siestes de plus de 30 minutes durant la journée. Les scientifiques ont observé la même tendance chez les personnes qui dorment suffisamment la nuit (entre 7 et 9 heures), mais celle-ci n’a pas pu être confirmé statistiquement.
En effet, une autre étude avait observé que les siestes étaient aussi délétères pour la santé chez des personnes qui dorment moins de 6 heures par nuit. Le véritable responsable des risques de maladie cardiovasculaire semble alors être le manque de sommeil la nuit — un déficit que les siestes, qui ne remplacent pas un cycle de sommeil complet, ne semblent pas combler. La deuxième étude, publiée dans Hypertension, fait état d’un risque accru d’hypertension et d’AVC chez des sujets d’âge moyen qui font la sieste durant la journée.
Paul Leeson, professeur de cardiologie à l’université d’Oxford, se montre prudent face à ces résultats : « Mais ça peut être juste une coïncidence. Il pourrait y avoir d’autres problèmes de santé pour expliquer pourquoi une personne dort plus durant la journée et pourquoi elle a un risque accru de maladie cardiaque ». De plus, le mécanisme biologique qui expliquerait cette association entre sieste et risques de maladie cardiovasculaire n’est pas connu à ce jour.