Le gouvernement de la Gambie a déclaré, hier, avoir déjoué une tentative de coup d’Etat dans le pays. Quatre soldats seraient arrêtés et trois en fuite sont vivement recherchés. Bien sûr, on indexe des pro-Jammeh et des nostalgiques de l’ancien régime. Car, en général, prendre la succession d’un ‘’grand’’ homme n’est jamais chose aisée. Car, les gens sont amnésiques, ingrats et souvent émotifs et conservateurs. C’est pourquoi, les nouveaux sont souvent systématiquement critiqués par des nostalgiques qui commencent à idéaliser l’ancienne époque tout en essayant d’ignorer les mauvais côtés.
La Gambie n’échappe pas à cette règle. Beaucoup commencent à se dire que l’époque de Jammeh était la meilleure. Et si cette tentative de coup d’Etat est réelle, c’est que ces militaires ont dû écouter les clameurs de la rue et se bercer d’illusion dans un contexte de résurgence des coups d’Etat dans la zone. Aujourd’hui que la Guinée, le Burkina Faso et le Mali sont gérés par des militaires putschistes, cela peut donner certaines idées à certains hommes de tenue. Mais ce que les gens ignorent, souvent, c’est que les contextes ne sont pas les mêmes. Car, si la Gambie tousse, le Sénégal éternue.
En clair, le Sénégal ne peut pas se payer le luxe de laisser s’installer, encore, un régime militaire en Gambie. Pour des raisons géopolitiques et géostratégiques certaines. Nous l’avons fait dans le passé et nous en avons payé, pendant longtemps, les pots cassés. Et la coupe de bois n’a été que la goutte d’eau de trop. Il y a la rébellion casamançaise qui a été longtemps entretenue directement et indirectement par une Gambie qui servait de base de replis à des factions comme celle que dirige Salif Sadio. Aujourd’hui, cette page est tournée.
Et le Sénégal n’a pas envie d’avoir, géographiquement à ‘’l’intérieur’’ de son territoire, un pays hostile. Nous pensons que du point de vue géostratégique, nous ne devons pas nous payer ce luxe. Et les théories sur la souveraineté des Etats, le respect des frontières et autres, bien que fondées et parfois vitales, ne sont pas toujours applicables dans les relations entre Etats.
Si le Sénégal ferme les yeux sur ce qui se passe en Gambie au point de laisser y installer certains régimes autocratiques aux visions catastrophistes et hasardeuses, il en payera les pots cassés comme il l’a longtemps fait avec Yayah Jammeh.
La réalité géopolitique est que certains Etats, par leur simple existence, menacent la sécurité et la stabilité d’autres. C’est pourquoi, le Sénégal doit être au centre du renseignement et de la sécurisation de la Gambie en travaillant subtilement en intelligence avec les forces de sécurité et de défense de ce pays. Car, tout ce qui touche à la Gambie doit être considéré, au Sénégal, comme une question de sécurité nationale. Alors, inutile d’essayer, le Sénégal ne peut se payer le luxe de laisser réussir un coup d’Etat en Gambie. Cette page doit être tournée.
Assane Samb