A 48h de l’Aïd el Kebir appelé « Tabaski », les pères de famille n’arrivent pas à trouver un mouton qui leur convient. Il se trouve que les bêtes rentent « intouchables ». Ce qui provoque d’ailleurs une psychose chez les chefs de famille. Dès lors, dans la banlieue l’on note l’arrivée des moutons dits ‘thiogal. » C’est le bonheur chez les pauvres « goorgoorlu ».
Les moutons appelés « thiogal » attirent beaucoup de père de famille à faible bourse. Mais pour d’aucuns, tous attendent à 24 h de l’événement pour en acheter. « Il se peut aussi que les prix baissent entre temps. Ce que je vois dans les bergeries, un père de famille comme moi, qui n’a pas assez de moyens, ne peut pas acheter ses béliers », dixit Thiam.
Au niveau des points de vente dans la banlieue, les moutons coûtent cher. Pour plus d’espoir, les pauvres goorgoorlu ont décidé de jeter leur dévolu sur les moutons dits « thiogal ». D’aucuns sont visibles au niveau des terrains de basket Ball et autres espaces libres. Les moutons, très sales, dégagent une odeur pestilentielle. Selon Gora Diaw, un vendeur, cette année ci, les moutons ont commencé à devenir très chers. D’ailleurs, ils sont intouchables. « C’est pourquoi les pauvres goorgoorlu (crève-la faim) ont jeté leur dévolu sur les « thiogal ». Mais il y’en a pour toutes les bourses. De 50.000 Cfa à 150.000 Cfa. Les temps sont durs certes mais il faudra compter avec ces moutons », dit-il. Avec leur « Thiaya » les peuls tentent de convaincre par tous les moyens eux-aussi. Ces derniers font les yeux doux à la clientèle. En provenance de Matam et des villages reculés, ils rivalisent d’ardeur afin d’écouler leur bêtes. « Ces années passées, les moutons devenaient très chers à deux jours de la Tabaski mais pour cette année, on fait face à ça alors que nous sommes à moins de 3 jours de la Tabaski. S’ils étaient nombreux sur les points de vente, là, il n’y aura pas de difficulté, je pourrai gérer, mais, les deux en même temps, dur c’est dur. Je n’arrive même pas à trouver un mouton qui est égal à ce que j’ai dans ma poche. Car, les bergers vendent leurs moutons à 90.000 ou 100.000 francs et ils maintiennent leurs gardes » indique un vieux venu de Cambérène. Pour le berger peuhl, les moutons ne coutent pas chers. « Nous ne pouvons pas les brader, il faut aussi que nous fassions des affaires. Cette année, tous ont décidé de ne pas venir tôt du fait du contexte un peu particulier. L’an dernier ils étaient nombreux ces Téfanké à regagner leur destination sans pour autant écouler leurs bêtes. S’y ajoute aussi les dépenses journalières sans parler de la nourriture des moutons », argue le berger.
Profitant du Week-end pour espérer en dénicher des pères de familles ont tenté aussi leur chances à quittant Dakar pour Rufisque, Ngouniane, Touba Toull etc. C’est le cas pour Junior et ses amis qui sont de retour avec leurs bêtes. Le sourire aux lèvres ces derniers ont jugé « nécessaire de faire le déplacement. » « A Dakar c’est cher donc nous n’avons pas regretté le déplacement. L’essentiel c’est de rentrer avec quelque soit la distance », renchérit notre interlocuteur.
Le grand bazard dans les marchés
Se faire belle reste aussi un des principes pour des milliers de jeunes filles qui sont obligées de faire les boutiques. Au Marché zinc, l’animation a finit d’atteindre son paroxysme. Pour attirer les clients, chacun mise sur le folklore avec autant de baffles pour distiller des décibels. Jazner, brodé, Palman, bazin tout y passe. Des étals biens achalandés au grand bonheur des clients. « Alhamdoulilah, nous sommes aux anges bien que ces années précédentes les choses étaient meilleures. On ne se plaint pas car bien que les clients soient au rendez-vous, on espère que les choses iront pour le mieux », lance Seck, marchand de tissu, très débordé. Sur place, difficile de se frayer un chemin pour rejoindre l’autre coté. Les passants se disputent avec les chauffeurs. Chez les vendeuses de tissus, d’aucuns peinent à faire leur choix. « L’on cherche juste un tissu bon marché pour les enfants car ils doivent rentrer à St Louis. Mais on espère…même si les moyens ne suffisent pas car cette année, les poches sont trouées », témoigne une dame. Même son de cloche pour cette bande de jeunes filles qui errent dans les artères de Zinc. « Nous peinons à faire notre choix depuis ce matin. Nous n’avons pas suffisamment de sous pour nous payer les meilleurs tissus du fait de la conjoncture », narre Rama. Au marché zinc de Pikine, les plus sollicités restent les tailleurs qui sont débordés. A en croire Seck, impossible de terminer les commandes à quelques jours du fait de la demande très forte. « J’ai décidé de ne plus en prendre mais des femmes continuent de venir en masse. Que faire ? Ce sont des clientes », fait remarquer notre interlocuteur. Même son de cloche pour ses camarades qui abondent dans le même sens. « Les choses ne sont pas du tout simples. Nous passons des nuits blanches pour justement livrer nos commandes à temps », renchérit-il.
La Tabaski qui sera célébrée le mercredi par une bonne partie de la population sénégalaise est une occasion pour faire de bonnes affaires.