La justice du Liberia a annoncé la levée des poursuites à l’encontre d’Henry Costa, un opposant au gouvernement et personnalité médiatique, qui va pouvoir revenir dans le pays.
M. Costa, qui tient depuis les Etats-Unis une émission de radio populaire, est un opposant farouche au président George Weah, un ancien international de football devenu président en 2018. L’animateur de radio est aussi l’un des principaux instigateurs de manifestations organisées en janvier 2020 contre le président Weah, que l’opposition accuse d’être incapable de redresser ce pays pauvre.
En octobre 2019, les autorités libériennes avaient fermé Roots FM, la radio du détracteur du président Weah, accusée d’inciter à la violence et de soutirer de l’argent aux Libériens en les menaçant de s’en prendre verbalement à eux à l’antenne.
L’animateur avait effectué un retour triomphal dans son pays fin 2019, en pleine contestation anti-Weah. M. Costa faisait l’objet d’investigations de la part des autorités libériennes qui disaient soupçonner que ses documents de voyage soient falsifiés. Après des démêlés avec les services migratoires libérien, la justice lui avait ordonné de se présenter régulièrement aux autorités, mais M. Costa avait préféré quitter le Liberia en catimini début 2020. Après avoir été brièvement retenu en Sierra Leone voisine, il avait pu regagner les Etats-Unis.
Le ministère de la Justice a annoncé jeudi soir dans un communiqué la levée des poursuites contre l’opposant avec effet immédiat. Il a également ordonné la restitution de son matériel de diffusion radio qui avait été saisi. Enfin, le ministère a invité M. Costa à revenir au Liberia pour y « vivre librement comme n’importe quel citoyen ». Toutefois, le communiqué le met en garde contre toute propagation de désinformation et l’a appelé à respecter la loi. « Le ministère ne restera pas inactif et ne permettra à personne de prendre en otage ou de s’accaparer l’espace démocratique avec des mensonges, des invectives et de la désinformation pour des raisons égoïstes », assure le ministère. M. Costa a salué la nouvelle sur Facebook.
Le Liberia, hanté par une guerre civile qui a fait quelque 250.000 morts de 1989 à 2003, et éprouvé par le virus Ebola (2014-2016), se débat avec l’inflation et la dévaluation de sa monnaie. Les journalistes libériens, pays de cinq millions d’habitants, font régulièrement l’objet de harcèlement ou d’intimidation.