Le Mali, où le président et le Premier ministre de transition ont été arrêtés lundi par l’armée neuf mois après un putsch, est enclavé dans le Sahel et en proie aux attaques djihadistes. L’homme fort du pouvoir malien, le colonel Assimi Goïta, a indiqué mardi avoir déchargé de leurs prérogatives le président et le Premier ministre de transition arrêtés la veille par les militaires, en les accusant de tentative de « sabotage » de la transition.
Largement désertique et frontalier de sept pays, le Mali est traversé par le fleuve Niger. Sa population de plus de 19 millions d’habitants est composée d’une vingtaine d’ethnies, dont certaines s’affrontent dans des conflits intercommunautaires. Cette ancienne colonie française est classé 184e sur 189 par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour son indice de développement humain.
L’année dernière, sous le double effet du coup d’Etat d’août et de la pandémie de coronavirus, le PIB du Mali s’est contracté de 2%, après une hausse de 5,1% en 2019, selon la Banque africaine de développement (BAD). Sa forte croissance démographique et le changement climatique menacent l’agriculture et la sécurité alimentaire, souligne la Banque mondiale. La chute de la production de coton et la faible performance de la filière agricole constituent des facteurs d’aggravation de la pauvreté, selon l’institution.
Indépendant depuis 1960, le Mali est dirigé par Modibo Keïta jusqu’en 1968, année du coup d’Etat militaire de Moussa Traoré, renversé à son tour en 1991. En 1992, Alpha Oumar Konaré est le premier président démocratiquement élu.Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK », élu en 2013 puis réélu en 2018, est renversé par un putsch militaire le 18 août 2020.
Sous pression internationale, les militaires ont accepté de nommer un président de transition et de rendre le pouvoir aux civils dans un délai de 18 mois. Mais dimanche, ils ont arrêté le Président et le Premier ministre après la nomination d’un nouveau gouvernement de transition qui les a mécontentés.
Depuis l’indépendance, le Mali a connu plusieurs rébellions des Touareg, peuple nomade du Sahara d’origine berbère entré en révolte contre la domination des populations sédentaires noires du Sud. La rébellion de 1990-1994 fait plus d’un millier de morts. En 2006, plusieurs centaines d’ex-rebelles retournent dans le maquis. De nombreuses attaques, offensives et prises d’otages ont lieu jusqu’en 2009, entrecoupées d’accords de paix.
En 2012, le nord du Mali tombe sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda qui commettent de nombreuses exactions. Les djihadistes ont été partiellement chassés par l’opération « Serval » lancée par la France en 2013 et remplacée en 2014 par l’opération antijihadiste au Sahel « Barkhane ».
La Minusma, engagée aussi depuis 2013, est une des plus importantes missions de l’ONU. Egalement présente depuis fin 2017, la force antijihadiste du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad), est soutenue par la France. Paris pilote également depuis mars 2020 la force européenne Takuba.
L’armée française et celles des pays du G5 Sahel ont multiplié les offensives antijihadistes, notamment dans la zone dite des « trois frontières » entre Mali, Niger et Burkina Faso. Mais en dépit des interventions étrangères, les violences djihadistes se poursuivent et se sont étendues au centre du Mali et aux pays voisins, Burkina Faso et Niger.
Le centre du Mali est pris dans un tourbillon de violences depuis l’apparition en 2015 d’un groupe djihadiste mené par le prédicateur peul Amadou Koufa, affilié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a largement recruté dans cette communauté. Les violences ont provoqué des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.
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— euronews en français (@euronewsfr) May 25, 2021