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Me Amadou Aly KANE à l’émission du « GRAND ORAL »: « Ce pays a besoin de plusieurs dialogues car tout est urgence »

Me Amadou Aly Kane candidat investi par un parti écologiste dénommé Regards différents pour un développement durable (R3D) a passé en revue les questions relatives au dialogue national, l’amnistie, le processus électoral…Selon lui ce pays est dans une impasse. Interpellé sur la 1ère question Me A. A. Kane  a déclaré qu’il faut plusieurs dialogues.  Il était l’invité du Grand oral sur Rewmi Tv.

 

Vous avez côtoyé de grandes figures politiques comme Djibo Leyti Ka, Cheikh Anta Diop etc. n’est ce pas ?

 J’ai commencé dès mon adolescence et je peux revendiquer près de 48 ans de militantisme (1976-2024) et donc j’en ai vu d’autres et même j’ai arrêté et j’ai suivi l’actualité. J’ai une culture politique, des droits de l’homme, bref des citoyens.

 Quel enseignement peut-on tirer des écrits de Cheikh Anta dans ce contexte ?

Il se battait pour des principes et non des intérêts. Des gens qui bougent sur la scène politique et à preuve leurs intérêts sont mis en avant. On voit une personne défendre une cause et se retrouver de l’autre côté. Cette défense des principes ne les fait pas bouger mais c’est le situationnisme et chacun essaie d’être de ceux-là.

La situation que traverse le Sénégal avec le report des élections ?

La crise est multidimensionnelle et elle est d’abord spirituelle. J’ai l’impression qu’on ne fait plus confiance en Dieu et ils pensent que le pouvoir vient de l’argent, de Washington etc. Je considère que cette élection prévue à une date quelconque, celui qui doit gagner gagnera. Pour moi il y a un certain manque de foi en Dieu et cela se ressent dans le comportement de tous les jours. Des choses qui ne devraient pas se passer.

S’agit-il de la crise des valeurs ?

Oui car elles sont importantes pour un croyant. Deuxièmement, il y a une crise électorale, mais née d’une crise pré-électorale.   Et nous en sommes toujours là et elle a commencé au niveau de la commission de contrôle des parrainages. La façon dont elle a travaillé, les défaillances ont engendré des insatisfactions et de la colère. On a eu l’impression que la commission contrôlait des candidats mais juste pour les éliminer au maximum. Un contrôle éliminatoire. Mais la commission que j’ai vu et qui a travaillé sur un fichier que nul ne détenait de même que  le logiciel et a utilisé des personnes ressources issues de la société civile qui n’ont pris aucun engagement juridique et morale contrairement aux juges et a utilisé des discriminants qui n’étaient  pas prévus par le Ministère de l’Intérieur. Or le seul c’était l’expiration de la pièce d’identité. Sinon on invalide le parrainage. Le conseil a à la fois été législateur et juge et a sorti des règles et les a appliquées en tant que juge. Finalement il y a des problèmes.  Après il y a eu une série de candidats qui ont été admis à compléter leurs dossiers mais le plus grave c’est la publication de la liste provisoire. Suite à cela Karim a été bloqué et les choses sont avérées. Le Pds avec son groupe parlementaire a choisi de se battre au plan institutionnel.

Évoquant le motif, Macky a parlé de processus biaisé. Vous vous y attendiez ?

Oui car il existe des défaillances. Je ne dis pas qu’il y a corruption mais du point de vue technique, avec les motifs évoqués, on a utilisé un fichier inconnu de tout le monde. Car au total il y a 900 milles personnes introuvables  et le logiciel inconnu de tous . Et aux 9 personnes à qui on a remis des clés Usb, quand des candidats ont déposé leurs fiches mais on leur dit que c’est inexploitable  idem pour  format papier que ces gens ont déposé. Il fallait les regarder. On jette le discrédit sur le conseil constitutionnel. Alors il y a des choses qui ont été faites pour que le chef de l’État  parle de processus biaisé. Donc le conseil constitutionnel a été au début et à la fin du processus ? Il y a eu peut-être beaucoup moins d’inclusions cette fois-ci. J’ai été dans une formation politique jeune. Il y en a beaucoup comme moi qui était à leur première campagne électorale et nous avons été éliminés. Mais il y a des acteurs dont le poids électoral est connu dont Sonko.  Il n’a pas franchi le cap des contrôles. C’est le cas aussi de Karim Wade qui est dans un parti représentatif.

Dans l’opposition depuis 2012 et on veut le faire cartoucher en 2024. Alors il n’a pas accepté  donc cela a été un motif fort pour que le Pds se batte de toutes ses forces et il a pu trouver des partenaires et ceux qui étaient des recalés du système ont trouvé une cause commune. Le plus important c’est d’agir pour l‘inclusion et un président élu qui soit légitime dont la crédibilité de son élection ne sera pas mis en doute.  En 2000 entre Wade et Diouf il n’y pas eu de contestation.  En 2007 on a parlé du vote des Djinn. En 2012 avec Macky Sall il n’y a pas eu de contestations.  Mais si on élimine des poids lourds ; leur victoire sera à la Prusse et le président ne va pas bénéficier de délai de grâce et donc il fera face à la rue étant donné les défis qui sont là. C’est pourquoi  j’estime qu’il faut discuter et trouver un moyen pour que les poids lourds et d’autres légers puissent être dans la bataille électorale et on aura au moins une légitimité et  moins de contestations.

Vous êtes pour le dialogue ?

Oui et même pour plusieurs dialogues.  Et il faut un dialogue pré-électoral et celui-ci si il se passe il ne sera pas inclusif. Il y a des favoris qui sont mis en avant dont Diomaye et Amadou Ba. D’aucuns le créditent pour une victoire au premier tour… Diomaye.  Il est en prison et admettons que du fait de cette élection il sort et prête serment., Il a un patron dont Ousmane Sonko. Si Sonko sort il lui faut des responsabilités à sa hauteur. Peut-être créer un poste de vice-président.  Donc que faut-il faire. Donc on aura un dualisme au sommet de l’État comme Dia et Senghor quand ce dernier a cédé le pouvoir. On sera dans cette situation politique exogène. C’est ce qui risque d’arriver si on va à l’élection comme ça.

L’autre hypothèse  c’est en cas de victoire de Amadou Ba c’est le candidat de Bby ou de l’Apr  qui n’est pas adoubé par tous en plus il y a des soupçons qui pèsent sur lui . Et donc il n’aura pas de parti. Il est là par hasard et on a fait un casting.  Il sera obligé de créer son parti en puisant dans l’Apr s’il gagne. Et poursuivre les autres dont les listes des 25 comme Macky pour les traquer. Ce sera une situation conflictuelle. Allez immédiatement à l’élection  oui je les comprends. Il y a les politiques avec la boulimie du pouvoir et il y a une population qui souffre de conditions de vie difficiles et qui a envie de les sanctionner. C’est cette alliance entre la boulimie du pouvoir et la volonté d’élire et de sanctionner.

La date de l’élection est suspendue au dialogue mais vous pensez que les deux suffisent ?

Il a dit qu’il va écouter les gens par rapport à la proposition de date.  Ensuite renvoyer la question au Conseil constitutionnel et il compte rester en fonction jusqu’au 2 avril. Vous savez, un président dans un processus fait deux choses. Il prend un décret pour fixer la date dont L.63 du code électoral et convoque le corps électoral et pour ce décret on dit qu’il faut 45 jours entre la date  convoquant le  corps électoral et quelques jours. Nous ne sommes pas dans ces délais. Alors on peut raccourcir les délais ?

Les lois sont-elles modifiables ?

C’est modifiable et non intangible. Les textes disent que pour un décret du corps il faut 80 jours entre la convocation et le premier tour.  Si on respecte cela, mais bon. Il faut se retrouver et faire une dérogation et que les députés soient d’accord.

Macky assure qu’il va quitter.  Qu’est ce qui va se passer s’il n’y pas élection ?

C’est l’une des grosses questions. Le président a un mandat de 5 ans. Mais L’art 36 -2 de la constitution dit qu’il reste jusqu’à l’installation de son successeur. Alors la question est de savoir si un président dont le mandat est fini est celui en exercice ? une question à mon sens qui devrait être soumise au conseil car ce cas de figure est inédit. Nous avons fait notre élection jusque-là avant l’expiration du mandat. Pour la première fois, on pourrait élire un président après la fin du mandat. Cela n’est jamais arrivé. Pourquoi pas un dialogue sinon il faut demander au conseil.

 Plusieurs articles sont interprétés dont l’art 36 alinéas 2 mais d’autres disent autre chose n’est-ce pas ?

Il y a une controverse légitime en droit. Je viens de vous dire que c’est quoi un président en exercice ? Avant on était dans la normalité. C’est un président dont le mandat n’est pas terminé et on transmet le pouvoir le jour de l’expiration de son mandat à son successeur. C’est comme ça. Mais là nous ne sommes pas dans ce cas de figure et on risque de faire l’élection après le 2. Que faut-il attendre du conseil ? Qu’il dise si cette disposition peut s’appliquer même si le mandat du président a pris fin. Il est la mémoire de l’État.

Que son successeur comprenne les dossiers et il serait souhaitable que la passation se fasse entre eux. Mais sinon est ce que cette passation sera utile à l’actuel. Cette dimension de la question est importante aussi. Il est là depuis 12 ans et des dossiers qui concernent le pétrole et le gaz sont là. Il sait les négociations, les contrats etc ? Et donc s’il ne transmet pas son mémoire à son successeur qui peut le faire. Pourquoi cela? Il faut penser la question sur tous les angles et du point de vue politique et juridique. Même le management des élections.

Je vais parler de concertation, est-ce que les deux jours vont régler cela sachant que 16 ne sont pas là ?

Oui moi j’ai répondu à la question et je comprends les 16. Ce qui est en jeu c’est la poursuite du processus et la reprise. Si vous êtes admis, vous êtes contre la reprise du processus étant admis. C’est naturel. Les gens de la société civile je les comprends moins et ce sont des médiateurs mais ils sont des acteurs.

Mais j’estime que la décision qu’on évoque c’est-à-dire la décision du conseil constitutionnel qui invite les autorités compétentes à tenir l’élection dans les meilleurs délais, cette formule ne signifie pas que le président doit convoquer les électeurs dans les meilleurs délais. Mais le partisan de l’organisation immédiate de l’élection lui donne ce sens. Il fixe une date par décret et une autre pour le corps électoral. S’il le fait c’est la reprise de tout le processus et là avec le dialogue qui est en cours faudra  les filtrer.

Mais il y a un terme : une possible reprise du processus et donc table rase sur tout. Que faire donc ?

Le conseil lui-même qui dans sa décision du 15 février a invité les autorités dans les meilleurs délais pour les élections. Mais c’est le Président, le ministre de l’intérieur, la Dge, la Cena…. Le président prend un délai, il y a les modalités, des fiches par la Dge et la Cena supervisent. Ces autorités sont invitées  à faire l’élection.   Ici on raisonne à partir d’une décision qui est là. Sa mission est de préserver la stabilité du pays, et pour cela cette élection ne peut pas continuer car la question est d’ordonner la poursuite du processus.

Dans sa décision il a dit que la loi constitutionnelle reportant l’élection n’est pas conforme, d’ordonner le processus au besoin en  s’agissant des délais de campagne. D’annuler le décret abrogeant le corps électoral. Sur cela le conseil a été très clair et que la loi n’est pas conforme en donnant les motifs. Il a donné toutes les raisons. Sur le processus électoral c’est la que la formule du clair obscur étant donné que le processus ne peut pas se poursuivre et que les autorités n’ont qu’à organiser l’élection dans les délais. J’en déduis la reprise.

Il y a l’idée de la mise en place d’un gouvernement de transition  et d’union nationale ?

 J’estime que si Macky reste il faut aussi l’entrevoir car il ne faut pas oublier qu’il est arbitre et il est là pour superviser à côté des autres le processus et sa poursuite et son achèvement. N’étant plus le Président, il devrait faire un gouvernement d’union nationale  reconnu pour sa neutralité.

 Bref tout ce qui peut rassurer tout le monde. Je suis pour le dialogue mais je ne dis pas que j’y serai. Sur le principe je dis qu’il en faut plusieurs aussi. Il ne s’agit pas de fixer une date mais que cela aille dans le sens de l’inclusion. Le pays n’a que des urgences..financières,  économiques, sociales etc.. Que des urgences. Il faut un dialogue pour le président car entre 2021 et aujourd’hui  des personnes ont été tuées et certains  ont perdu leurs biens.

Des disparitions etc. Ces points-là il faut les traiter. Seront-ils judiciaires, ou arrêter des généraux ou des policiers de nature à entraîner la paix dans ce pays ? Il faut les indemniser. Ceux libérés de prison après un an de prison mais il faut les indemniser aussi et ce sont des questions politiques.

 Une loi d’amnistie est en gestation et le président a donné des instructions pour préparer le texte !

 Je suis pour l’amnistie des personnes jugées etc. Je suis pour l’abandon de poursuites des personnes arrêtées  dans le cadre des déclarations d’opinion et de liberté d’expression. Pour celles  des infractions  il faut accélérer leur procès et dire qui est coupable et qui ne l’est pas car des gens ont perdu des biens. Je ne suis pas pour une amnistie générale et je ne pense pas que cela va amener la paix dans ce pays.  Les droits communs où tu brûles la voiture de quelqu’un etc. sans parler du préjudice subi. Il y a des choses à amnistier et d’autres non. Je ne sais pas comment cette loi va tout faire. C’est ma position.

 On ne sait pas qui est coupable. On dirait que ces accusations sont dirigées vers un camp ?

Là, il peut aller au-delà et on peut essayer  mais on va les enjamber et concerter des auteurs liés à ces faits.  Cela peut régler un problème  mais momentané mais un autre peut tout changer car le président élu aura à faire des dialogues. Il y a la question de la réédition des comptes. On va faire comme cela s’est passé comme des listes en 2012 ou trouver une formule. Créer l’Ofnac . Les personnes pourraient discuter et une médiation pénale aussi c’est possible ou emprisonner à tout va.

Un vent de décrispation souffle depuis quelque temps avec la libération de détenues. Votre avis ?

C’est nécessaire car il faut que dans ce pays qu’on retienne que le principe de la liberté est la liberté et la détention à l’exception car il y a des personnes qui n’auraient pas dû être arrêtées et d’autres en flagrant délit. Mais il faut des dates d’audience car certains seraient en sursis. Mais malheureusement, le mode de traitement judiciaire cela complique tout car il  y a la voie judiciaire et on vise des infractions. Les gens s’appuient  sur des charges  qui font que le juge est dans l’incapacité de décider et donc suit la volonté du procureur. Plus de 1000 personnes sont en détention.

Comment appréciez- vous le témoignages des détenues ?

Il faut se dire la vérité : la torture existe chez nous comme en prison et dans les brigades. Ils n’ont pas intérêt de fomenter aussi. J’ai vu Pape Abdoulaye Touré et son état dans la cave du tribunal. Ce monsieur sa garde à vue ne s’est pas bien passée. Un commerçant a été torturé et ses deux bras cassés. C’est compliqué car toutes ces choses se passent dans les lieux de privation de liberté. Il faut que l’observatoire soit plus réactif. En tout cas, on ne l’entend pas beaucoup. C’est un fonctionnaire soumis à la hiérarchie.

 Qu’est-ce qui explique la persistance car ce pays a ratifié des conventions ?

 Il y a l’impunité et sans sanctions car s’il y’avait des sanctions ils n’en seraient pas là. Il faut renforcer la police scientifique et obtenir des preuves sans le violenter. Il faut des empreintes et des gènes etc. Il faut les caméras de surveillances, le téléphone etc. Il faut moderniser la police judiciaire car les moyens sont limités. On n’a pas besoin de violenter une personne pour des preuves.

 Le taux de remplissage est nombreux dans les prisons et les bracelets électroniques?

 Oui c’est la réalité que nous vivons car d’aucuns disent que ce n’est pas demain la fin car c’est dans la culture et la sanction la prison. Comment changer cela et il faut taper sur le portefeuille des gens. Comment faire en sorte que la victime puisse sentir que son cas est bien traitee en dehors de l’emprisonnement

 Des citoyens peinent à avoir un avocat ?

 Un manque de robes noires car il y a moins de 500 avocats pour ce pays. C’est le désert judiciaire. A Kédougou à Tamba, Dagana et Podor etc. Il y a assez de juristes et il faut mettre en place un corps de para juristes. Ces derniers seront formés dans : Comment écrire son dossier et couvrir les charges. La culture de l’avocat n’est pas renforcée. Alors il faut cette culture de l’avocat aussi.

 


MOMAR CISSE

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