Ce vendredi 16 juin au matin, la délégation diplomatique du continent africain devrait normalement arriver à Kiev pour rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky, avant de se rendre le lendemain à Saint-Pétersbourg pour échanger avec le chef d’État russe Vladimir Poutine. Selon nos informations, Azali Assoumani, le président des Comores, président en exercice de l’Union africaine, a voyagé ce mercredi en direction de la Pologne.
Point de ralliement prévu pour cette délégation africaine où doivent arriver ce jeudi, selon la Fondation Brazzaville, à l’origine de cette médiation, les chefs d’État du Sénégal, Macky Sall, de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa et de la Zambie, Hakainde Hichilema. Empêché, Abdel Fattah al-Sissi doit se faire représenter par son chef de gouvernement et c’est le ministre des Affaires étrangères qui doit représenter l’Ougandais Yoweri Museveni qui a le Covid-19. Denis Sassou-Nguesso sera le grand absent de cette mission, l’un de ses proches indique : « Situation dégradée sur le terrain, absence de chefs d’État, les conditions ne semblent pas réunies pour un dialogue apaisé et constructif. » Brazzaville a toutefois confirmé sa présence via le ministre d’État à la présidence Florent Tsiba.
L’enjeu est pourtant de taille, selon la même source proche du président congolais : « Le lancement de la contre-offensive ukrainienne fait peser des risques sur la pérennité de l’accord céréalier, qui est très important pour l’Afrique. » Finalement, quatre chefs d’État sur sept annoncés sont donc engagés dans cette « tentative de médiation », indique un diplomate. Ils doivent rejoindre Kiev en voyageant dans la nuit de jeudi à vendredi en train spécial. Dans la matinée, la délégation doit se rendre à Boutcha, ville où l’armée russe est accusée d’avoir commis de graves exactions contre des civils. L’après-midi, il y aura des entretiens bilatéraux, puis une cérémonie officielle est prévue avec le chef de l’État Volodymyr Zelensky. Une conférence de presse commune est également inscrite à l’agenda.
En début de soirée vendredi, la délégation africaine doit quitter Kiev pour rejoindre Saint-Pétersbourg en Russie, seconde étape de cette mission, pour y retrouver et échanger avec le président Vladimir Poutine.
Une « mission de paix » devenue une simple « tentative de médiation »
Au départ, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa avait promis que la délégation proposerait « des éléments pour un cessez-le-feu et une paix durable », qu’il s’agissait d’une « mission de paix » qui voulait essayer « d’obtenir un engagement ». Désormais, un interlocuteur parle d’une « tentative de médiation ». Certains pointent le manque de moyens de pression des pays africains. Un responsable, lui, estime qu’il vaudrait mieux se concentrer sur les conflits en Afrique qui restent irrésolus, comme au Soudan. Il y a quelques jours, une bonne source confiait que le cas des céréales serait abordé : la guerre a entraîné une terrible inflation et de graves problèmes d’approvisionnements sur le continent africain.
Mais néanmoins, il y a encore un certain flou. La semaine dernière le chef de la diplomatie ukrainienne Dmitro Kuleba avertissait que toute initiative de paix devait« respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine » et que les présidents africains n’avaient « pas encore partagé de planspécifique » avec Kiev.
En tout cas en début de semaine, le Congolais Denis Sassou-Nguesso déclarait que « l’Afrique ne peut pas rester silencieuse ou indifférente face à un tel drame ».